À 68 ans, André Bouix, qui a passé l'essentiel de sa vie en Camargue, raconte son pays. Pour la première fois, un vrai gardian évoque un demi-siècle de complicité avec ce monde étrange, quelque part entre Languedoc et Provence, entre mer et marais, canaux et étangs, un monde indécis de terre et d'eau, de sable, de sel, de soleil... Entre les bras du Rhône et, au-delà , d'Aigues-Mortes, la Petite et la Grande Camargue alignent leurs plates étendues, leurs sables mouvants, leurs mirages aussi. Univers insolite et secret, attaché à ses particularismes et à ses traditions, où les manadiers de taureaux sauvages et de chevaux indomptés (dits camarguais), le disputent aux touristes et aux salines tentaculaires, où les derniers braconniers et les derniers gitans des Saintes-Maries de la Mer reculent devant les promoteurs immobiliers. Une voix dure, une vie âpre, singulière, où la violence est souvent la façon pudique et chaude de s'estimer. Violence des jeux, des coutumes. Chasse aux canards en barque, sur les étangs, transhumance, castration des chevaux, ferrades, fêtes de villages où règne la fe di buòus, la folie des taureaux. Tel le taureau impétueux, dernière race indomptée de notre sol, le Camarguais est d'une pièce. À coup sûr, André Bouix (président de l'Amicale des gardians) ne détonne pas qui, avec une verve savoureuse, dérange l'image stéréotypée et folklorique d'une Camargue de flamants roses sur fond azur. S'inscrivant dans un temps de transition, entre un passé nostalgique et un présent inquiet, le récit d'André Bouix charrie cette sève aventureuse et paysanne qui fait que les gardians sont un peu les derniers de nos baroudeurs, et la Camargue notre ultime Far-West.
Ce travail d'envergure de Jacques Durand propose un passionnant et enrichissant voyage à travers cette littérature qui, en Allemagne, de 1918 à 1933, s'était fixé pour tâche d'être le reflet d'une réalité quotidienne marquée du sceau de l'angoisse et du rêve et, conséquemment, par la virulence des antagonismes idéologiques. (...) Par sa restitution des implications socio-historiques de cette époque troublée, l'ouvrage de Jacques Durand contribue à la connaissance des ébranlements politiques qui déboucheront sur l'avènement du Troisième Reich. Thierry Feral (directeur de la collection Allemagne d'hier et d'aujourd'hui).
Il s'agit ici de dire deux ou trois choses que l'on sait de la tauromachie, de son histoire et de son milieu, de ses traditions et de ses aficionados. Deux ou trois choses importantes et subtiles à la fois : les différents comportements du public dans les arènes, les rituels des corridas, les lieux où naissent la vocation des Toreros, les figures qui régentent le mundillo, le destin des Matadors - Paco Ojeda, Damaso Gonzales, Ruiz Miguel, ou Manzanares - le professionnalisme sentimental des éleveurs d'Andalousie, les grandes peurs des Toreros gitans et des coureurs d'encierro, l'angoisse permanente de la blessure, l'omniprésence de la mort, comme une femme belle et grave...
Entre Duc, qui converse chaque soir avec ses poissons exotiques, et Tournassou officier d'état civil discret, qui prend tous les samedis le volant de sa vieille « Dauphine » ; entre Jérôme, qui attend un enfant, et Jean-François Décor qui recherche « l'homme du Quai de Serin » ; entre cet auditeur attentif qui parcourt la bande F.M. à la recherche d'une voix et le pharmacien d'Ishango qui boit pour se souvenir ; entre Elle et Lui qui se croisent en gare de Nîmes autour d'un photomaton et Ducret, employé modèle de la droguerie Bénard épris de théâtre ; entre Bernard qui veut que les dernières vacances avec sa mère ressemblent à un naufrage et le vieux monsieur qui vient chaque jour à la poste consulter les annuaires ; entre Luc Ferrand qui rêve de congés payés qui feraient de lui un héros de « fleuve noir » et la fausse diversité des saisons dans la vie d'une famille ; entre Pomme, Éric et Pablo qui s'écrivent pour déguiser la réalité, et moi qui n'arrive pas à vieillir ; un point commun : le désir de l'absent. Quatorze nouvelles qui de l'enfance à la mort, en passant par l'adolescence et l'âge mûr, jalonnent le trajet de toute une vie.
Que reste-t-il du passé ? Quelques souvenirs - idéalisés - ; des tonnes de documents ; des mers d'archives ; des colonnes de chiffres. Des mots, des signes ou du vent insaisissable. Des historiens font bien ressurgir Hier à coups de témoignages et de commentaires mais qui peut restituer les visages, les gestes, le véridique, la « chair d'hier » ? Grâce à Niepce, Daguerre, Eastman et quelques autres, la photographie est devenue la grande servante de la réalité. À la fin du XIXe, dans le premier quart du XXe, il y a dans chaque photographie de ville ou de village un Rouletabille qui sommeille, un Eugène Atget prêt à saisir le cocasse, le pittoresque, l'important, le superflu, le grave, le tragique, le souriant de son quotidien. Le Languedoc, celui du littoral, celui de la plaine, celui de la ville, celui de la montagne n'a pas échappé à la boulimie de la photographie-document. Aussi, à travers l'album de famille de la haute bourgeoisie et les mille yeux des cartes postales de l'époque, c'est un peu le temps retrouvé qui remonte à la surface et vient se fixer sur notre sensibilité.
En plein dans le mille du 375e anniversaire de la cité, Ciel variable plonge dans les « Montréalités ». Si l'éditorial de Jacques Doyon nous parle de la vie des quartiers, c'est à l'un d'entre eux en particulier, Hochelaga-Maisonneuve, que s'intéresse le photographe Robert Walker. Un quartier chargé d'histoire et à la destinée compliquée, autrefois industriel et aujourd'hui aux prises avec les aléas de l'embourgeoisement. Ses images, ainsi que celles d'autres créateurs, sont témoin du tissu complexe de la ville : ses commerces, ses artères, ses publicités, sa mixité sociale, sa diversité, sa culture, son architecture, son militantisme aussi. La revue revient aussi sur quelques projets photographiques marquants sur le Montréal du passé avec les talents de Gabor Szilasi, Clara Gutsche ou encore David Miller. Également au sommaire, l'exposition présentée à la galerie Artexte examinant les relations entre la photographie et les magazines imprimés au Canada entre 1970 et 1990, et de nombreux autres événements dans la section actualités.
De jeunes orientalistes - chercheurs du CNRS et de l'École des hautes études - ont décidé de mettre en commun leur expérience et leurs curiosités, pour publier, à l'intention d'un large public, une série d'ouvrages consacrés aux croyances et aux rites qui eurent cours - ou ont cours, aujourd'hui encore - dans les sociétés traditionnelles de l'Orient et de l'Extrême-Orient.
L'originalité de cette entreprise naît de l'optique nouvelle, selon laquelle elle entend examiner ces problèmes religieux : au lieu de juxtaposer des ouvrages, consacrés individuellement aux aspects de la vie religieuse d'une civilisation, Il s'agit de présenter - successivement - les divers aspects d'un même phénomène religieux, à travers le plus grand nombre possible de civilisations. Chaque volume se présente donc sous forme d'un recueil de contributions intéressant le Proche-Orient, l'Asie centrale et l'Extrême-Orient.
Il s'agit ici des procédés magiques exercés par des hommes - dans un but maléfique ou bénéfique - sur d'autres êtres humains, leurs personnes, ou leurs biens. Le problème présuppose l'existence de forces latentes, et la possibilité de les utiliser. Quelle est l'origine de ces forces, leur nature, leurs manifestations ? Qui utilise ces forces ? Dans certaines traditions, religion et magie sont si proches qu'elles ne peuvent ni se condamner, ni s'exclure. Le charme ne se confond-il pas alors avec le rite et le prêtre avec le sorcier ? Quelles sont ces techniques ? Incantations, amulettes, talismans, envoûtements ? La multiplicité des questions reflète bien la complexité du phénomène de la "sorcellerie", activité sacrée ou maudite.
La collection « Sciences du langage » se propose de publier des travaux analytiques et des monographies, aussi bien que des synthèses. Elle est concernée par tous les domaines des sciences du langage, et est ouverte à toutes les écoles. Elle privilégie la lisibilité, l'innovation et l'achèvement.
Depuis une dizaine d'années, la phonologie générative - issue des travaux de Chomsky et Halle (Sound Pattern of English, 1968) - a connu de profonds bouleversements. Les représentations unilinéaires, et le modèle strictement dérivationnel de SPE, ont été critiqués, et presque unanimement abandonnés.
La nécessité de postuler des représentations à structures riches et complexes, et de restreindre corrélativement l'utilisation de règles de réécriture, s'est progressivement imposée. L'architecture et la géométrie des représentations ainsi dégagées, constituent non seulement des outils descriptifs, mais aussi explicatifs. De nombreux phénomènes phonologiques, qui étaient auparavant conçus comme les résultats de l'application de règles dérivationnelles, sont aujourd'hui expliqués par la structure de ces représentations elles-mêmes.
Le présent volume réunit des contributions qui, par la diversité des approches théoriques, des phénomènes phonologiques et des langues, pris en compte, illustrent le foisonnement et la fécondité des recherches actuelles en phonologie. Il fournit, au public francophone, une présentation utile des principales tendances de la recherche en phonologie.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
L'édition automnale de la revue Relations propose un dossier sur la croyance. « Au Québec, nous aimons affirmer que nous sommes modernes et libérés de la " croyance ", sous-entendu, de la religion. Mais n'est-ce pas là aussi une croyance, toute rationaliste soit-elle ? Car les quêtes de sens et le besoin de transcendance continuent bel et bien de s'exprimer sous différentes formes - tantôt inspirantes et bouleversantes, tantôt confuses et inquiétantes. Comment ce rapport tendu à la croyance complique-t-il notre relation à l'altérité et au pluralisme ? [...] Qu'est-ce que croire veut dire dans une société sécularisée comme la nôtre et pour une revue progressiste comme Relations, ancrée depuis 80 ans dans la tradition du christianisme social ? » Le numéro propose aussi un débat entre Jonathan Durand Folco et Ted Rutland sur les options pour la gauche politique dans les élections municipales à Montréal et un grand entretien avec Bochra Manaï.
Les GAFAM - Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft - font partie de notre quotidien. L'emprise de ces géants du numérique sur nos sociétés s'accroît plus que jamais. Leur valeur boursière bat des records. Comment brider ce pouvoir démesuré qui façonne le monde selon ses intérêts, faisant peu de cas de la démocratie, des droits des travailleurs et travailleuses, et de son empreinte écologique plus grande qu'il n'y paraît ? Relations pose la question dans le dossier de ce numéro qui met en valeur l'artiste Johann Baron Lanteigne. À découvrir aussi : la nouvelle chronique poétique de Gabrielle Filteau-Chiba, figure montante de la littérature québécoise; le nouveau Carnet de l'écrivain Yvon Rivard; Maya Ombasic à la barre de la rubrique Aux frontières; un grand entretien avec l'essayiste Olivier Ducharme, et un article sur le fisc, les riches et la justice, signé Julia Posca, dans une nouvelle série sur l'économie politique.
Consacré à Robinson et à la robinsonnade, ce numéro s'interroge sur la relation du héros insulaire, et celle de ses successeurs, au monde de la matière et de l'objet ainsi que sur les visions qui découlent de cette relation.
Années 1980. La Feria de Nîmes est à son apogée. Dans les arènes, un certain Paco Ojeda enchaîne les triomphes, alors que pendant près d'une semaine se pressent sur les boulevards et dans les rues étroites de la ville plusieurs centaines de milliers de personnes. Le très médiatique Yves Mourousi profite d'une Feria pour s'y marier. La Pentecôte nîmoise est une étape obligée sur le trajet officiel des peoples, entre Roland Garros et Festival de Cannes. Une centaine de définitions et de dessins qui manient, autour de la tauromachie et de la Feria de Nîmes, l'absurde, la dérision et juste ce qu'il faut de mauvaise foi... Un livre vite épuisé, et dont un exemplaire a été mis en ligne par un petit malin sur un site d'enchères américain au prix de 150 dollars ! Vingt ans plus tard, auréolés des lauriers de la reconnaissance et le trait encore plus vif, nos deux lascars remettent le couvert et vous invitent au festin, à la table du Diable (de Vauvert, bien sûr !) On retrouvera ici l'ouvrage parut en 1991, enrichi de nouvelles définitions et illustrations prenant en compte ces deux dernières décennies, taurines autant que festives...
A travers l'histoire de l'habit de lumière, Jacques Durand nous retrace une histoire complète de la tauromachie et de ses matadors, qui par leurs choix et leurs superstitions en matière de costume, font l'histoire d'un rituel.