« L'histoire de l'âme est l'histoire de l'idée que l'homme se fait de lui-même face à la mort. Des premiers hommes qui découvrent les cycles de la nature aux derniers que nous sommes qui envisagent le posthumain en dehors de la vie sur terre, en passant par les hommes des pyramides, de l'agora, du forum, de l'église, avant d'en arriver à celui du supermarché planétaire, c'est cette odyssée que je me propose de raconter. De l'âme immatérielle à l'âme numérique, tout converge vers la possibilité d'un posthumain inaugural de l'inhumain. Cet avenir est déjà notre présent. » Michel Onfray
Véritable enquête philosophique construite comme un roman policier, Anima est le premier volume d'une réflexion consacrée à l'homme et au posthumain. Il sera suivi de Barbarie, qui examinera la nature de cet avenir qui se dessine. Michel Onfray est traduit dans vingt-cinq pays et auteur de plus d'une centaine de livres. Il anime une webtv (michelonfray.com) et a récemment cofondé avec Stéphane Simon la revue Front populaire.
Notre époque ressemble étrangement au Bas-Empire romain, période d'effondrement de civilisation s'il en est. Quels en sont les symptômes dans le pays ?
Effacement de la France, autodafés au nom du bien, multiplication des concessions wokistes, haine de la science, retour de la pensée magique, médiocrité du personnel politique, presse aux ordres du capital, guerre civile à bas bruit, renoncement au débat, disparition du livre, généralisation de l'illettrisme, tyrannie des écrans, délires animalistes, guignolades des élus écologistes, naissance d'une gauche Thénardier, droite singeant la gauche, mort du service public, dictature des sondages, pape déconstruit, vassalisation du pays, délires germanopratins, éducation des adultes par les enfants, criminalisation de la police, célébration de la délinquance, inculture du corps enseignant, chasse aux Blancs, punition du bien, apologie du mal, endoctrinement sexuel des enfants, subversions en peau de lapin, surenchères nihilistes, propagande par le cinéma, épurations sémantiques, etc.
On ne s'étonne pas qu'à Paris, capitale jacobine des élégances du pays tout entier, sous prétexte de restauration, la statue de Voltaire soit reléguée là on l'on ne peut plus la fleurir...
M. O
Dans Macron président, la fin de l'innocence, un documentaire à sa gloire diffusé sur France 3, le président de la République Emmanuel Macron dit à propos de la Commune : « Versailles, c'est là où la République s'était retranchée quand elle était menacée ».
Les communards ont affublé Thiers, le boucher de la Commune, d'un certain nombre de sobriquets : Adolphe-le-Petit, Général Boum, Coeur Saignant, Obus 1er, Crapaud Venimeux, Tamerlan à Lunettes, César en raccourci, Satrape de Seine-et-Oise, Petit Jean-Foutre, Général Tom Pouce, Croquemort de la Nation.
Chez Jules Vallès il y avait aussi : « Foutriquet ».
Michel Onfray
Dans la pure tradition du libelle politique, Michel Onfray ose un portrait irrévérencieux d'Emmanuel Macron et dresse un bilan sans concession du quinquennat de l'« en même temps ». Cet essai mordant et drôle offre aussi, à l'heure des présidentielles, une édifiante radioscopie de notre société et de la faillite de sa classe politique.
Indispensable à quiconque entend voter... ou pas.
Les civilisations naissent, croissent, vivent, connaissent un temps de puissance, décroissent, chutent, tombent et disparaissent avant d'être remplacées par d'autres. Les plus lucides le savent, les plus intellectuellement encrassés le nient.
Notre civilisation judéo-chrétienne est en phase terminale. Il est politiquement sot et niais, sinon dangereux, de prétendre redonner de la santé et de la vitalité à un centenaire subclaquant. N'importe quel médecin promettant de remettre sur pied un vieillard cacochyme passerait illico pour un charlatan. Mais pour une civilisation, les vendeurs d'illusion font toujours florès.
Ce deuxième volume de La Nef des fous est le journal voltairien, au jour le jour, de cet inévitable naufrage. On y trouve tous les délires de notre fin de millénaire wokiste désireux de faire du passé table rase...
M.O.
Un manuel de résistance à l'intention des nouvelles générations. Que dire à des jeunes de vingt ans pour leur conduite dans ce monde qui part à la dérive ? La civilisation s'effondre, les valeurs s'inversent, la culture se rétrécit comme une peau de chagrin, les livres comptent moins que les écrans, l'école n'apprend plus à penser mais à obéir au politiquement correct, la famille explosée, décomposée, recomposée se retrouve souvent composée d'ayants droit égotistes et narcissiques.
De nouveaux repères surgissent, qui contredisent les anciens : le racisme revient sous forme de racialisme, la phallocratie sous prétexte de néo-féminisme, l'antisémitisme sous couvert d'antisionisme, le fascisme sous des allures de progressisme, le nihilisme sous les atours de la modernité, l'antispécisme et le transhumanisme passent pour des humanismes alors que l'un et l'autre travaillent à la mort de l'homme, l'écologisme se pare des plumes anticapitalistes bien qu'il soit le navire amiral du capital - il y a de quoi perdre pied.
J'ai rédigé une série de lettres à cette jeune génération pour lui raconter les racines culturelles de notre époque : elles ont pour sujet la moraline, le néo-féminisme, le décolonialisme, l'islamo-gauchisme, l'antifascisme, la déresponsabilisation, la créolisation, l'antisémitisme, l'écologisme, l'art contemporain, le transhumanisme, l'antispécisme.
L'une d'elles explique en quoi consiste l'art d'être français : d'abord ne pas être dupe, ensuite porter haut l'héritage du libre examen de Montaigne, du rationalisme de Descartes, de l'hédonisme de Rabelais, de l'ironie de Voltaire, de l'esprit de finesse de Marivaux, de la politique de Hugo.
La France n'est pas ingouvernable, comme il est beaucoup dit faussement ces temps-ci, elle est ingouvernée - si l'on me permet ce néologisme. Et elle est ingouvernée parce que la dilution de la souveraineté du pays dans le condominium européiste depuis Maastricht a privé la Nation de toute puissance. Le traité de 1992, obtenu de justesse malgré une immense propagande d'État, a retourné la souveraineté contre elle-même afin de décider souverainement de la fin de la souveraineté. Ce fut un suicide. En renonçant à sa souveraineté, la France a perdu la puissance, elle a gagné en décadence. Ce fut un contrat social invaginé. La Nation ne décide plus du destin d'un peuple, c'est une Commission non élue qui gouverne à sa place. L'État ne sert plus qu'à museler un peuple désormais de trop. Je ne crois pas à l'homme providentiel qui abolirait cette abolition. Mais je crois au peuple providentiel qui peut décider que le nihilisme ne passera pas par lui. Puissance et Décadence offre le mode d'emploi de cette résistance.
Sous la forme d'une éphéméride, et ce sur presque tous les jours de cette année 2020, je consigne chaque délire dont notre temps est capable.Dans ce journal se croisent une petite fille de huit ans qui veut changer de sexe depuis l'âge de quatre ans ; des égorgeurs présentés comme de pauvres victimes d'elles-mêmes ; une jeune fille qui ne va plus à l'école et prophétise la catastrophe climatologique dont le clergé de son pays nous dit qu'elle est le Christ ; des femmes qui vendent des enfants pendant que d'autres les achètent ; l'Église catholique qui court après les modes du politiquement correct ; le journal Libération qui se dit progressiste en célébrant la coprophagie et la zoophilie ; des végans qui militent contre les chiens d'aveugles ; une anthropologue qui trouve qu'il y a trop de dinosaures mâles et pas assez de femelles dans les musées ; des pédophiles qui achètent des viols d'enfants en direct sur le Net ; un Tour de France qui commence au Danemark et un Paris-Dakar ayant lieu en Amérique du Sud ; un parfum élaboré par une femme à partir des odeurs de son sexe ; un chef de l'État qui, entre autres sorties, se félicite que ses ministres soient des amateurs ; Le Monde qui estime courageuse une mise en scène théâtrale qui présente Lucien de Rubempré en femme ; le pape et Tariq Ramadan pour qui le coronavirus est une punition divine - et autres joyeusetés du même genre... Entre rire voltairien et rire jaune, cette Nef des fous est un genre de journal du Bas-Empire de notre civilisation qui s'effondre.M. O.
L'opposition entre de Gaulle et Mitterrand met dos à dos un homme qui lutte contre l'effondrement d'une civilisation et un individu qui se moque que celle-ci disparaisse pourvu qu'il puisse vivre dans ses ruines à la façon d'un satrape. Le premier donne sa vie pour sauver la France ; le second donne la France pour sauver sa vie. L'un veut une France forte, grande et puissante, à même d'inspirer une Europe des patries ; l'autre la veut faible, petite et impuissante, digérée par l'Europe du capitalisme. L'un ressuscite Caton ; l'autre réincarne Néron. De Gaulle se sait et se veut au service de la France ; Mitterrand veut une France à son service. L'un sait avoir un destin ; l'autre se veut une carrière. De Gaulle n'ignore pas qu'il est plus petit que la France ; Mitterrand se croit plus grand que tout. Le Général sait que le corps du roi prime et assujettit le corps privé ; l'homme de Jarnac croit que son corps privé est un corps royal. L'un écoute le peuple et lui obéit quand il lui demande de partir ; l'autre reste quand le même peuple lui signifie deux fois son congé. L'homme de Colombey était une ligne droite ; celui de Jarnac un noeud de vipères. L'un a laissé une trace dans l'Histoire ; l'autre pèse désormais autant qu'un obscur président du Conseil de la IVeRépublique. L'un a fait la France ; l'autre a largement contribué à la défaire...Ce portrait croisé se lit comme une contre-histoire du XXe siècle qui nous explique où nous en sommes en même temps qu'elle propose une politique alternative qui laisse sa juste place au peuple : la première.M.O.
Un virus bien en chair et en os, si je puis me permettre, a démontré que le virus virtuel n'était pas la seule réalité avec laquelle nous avions à compter. Venu de Chine où des pangolins et des chauves-souris ont été incriminés, il a mis le monde à genoux.Il a été le révélateur, au sens photographique du terme, des folies de notre époque : impéritie de l'État français, faiblesse extrême de son chef, impuissance de l'Europe de Maastricht, sottise de philosophes qui invitaient à laisser mourir les vieux pour sauver l'économie, cacophonie des scientifiques, volatilisation de l'expertise, agglutination des défenseurs du système dans la haine du professeur Raoult, émergence d'une médecine médiatique, indigence du monde journalistique, rien de très neuf...Le covid-19 rappelle une leçon de choses élémentaire : il n'est pas le retour de la mort refoulée, mais la preuve vitaliste que la vie n'est que par la mort qui la rend possible. Tout ce qui est naît, vit, croît et meurt uniquement pour se reproduire - y compris, et surtout, chez les humains. Ce virus veut la vie qui le veut, ce qui induit parfois la mort de ceux qu'il touche. Mais quel tempérament tragique peut et veut encore entendre cette leçon de philosophie vitaliste ?Michel Onfray.
Il est admis que 1984 et La Ferme des animaux d'Orwell permettent de penser les dictatures du XXe siècle. Je pose l'hypothèse qu'ils permettent également de concevoir les dictatures de toujours. Comment instaurer aujourd'hui une dictature d'un type nouveau ? J'ai pour ce faire dégagé sept pistes : détruire la liberté ; appauvrir la langue ; abolir la vérité ; supprimer l'histoire ; nier la nature ; propager la haine ; aspirer à l'Empire. Chacun de ces temps est composé de moments particuliers.Pour détruire la liberté, il faut : assurer une surveillance perpétuelle ; ruiner la vie personnelle ; supprimer la solitude ; se réjouir des fêtes obligatoires ; uniformiser l'opinion ; dénoncer le crime par la pensée.Pour appauvrir la langue, il faut : pratiquer une langue nouvelle ; utiliser le double langage ; détruire des mots ; oraliser la langue ; parler une langue unique ; supprimer les classiques.Pour abolir la vérité, il faut : enseigner l'idéologie ; instrumentaliser la presse ; propager de fausses nouvelles ; produire le réel.Pour supprimer l'histoire, il faut : effacer le passé ; réécrire l'histoire ; inventer la mémoire ; détruire les livres ; industrialiser la littérature.Pour nier la nature, il faut : détruire la pulsion de vie ; organiser la frustration sexuelle ; hygiéniser la vie ; procréer médicalement.Pour propager la haine, il faut : se créer un ennemi ; fomenter des guerres ; psychiatriser la pensée critique ; achever le dernier homme.Pour aspirer à l'Empire, il faut : formater les enfants ; administrer l'opposition ; gouverner avec les élites ; asservir grâce au progrès ; dissimuler le pouvoir.Qui dira que nous n'y sommes pas ? M.O.
« J'ai été arrêté un jour dans une rue par un expert spécialisé en attributions de peintures du XIXe siècle. Il savait que j'avais parlé des "Arts incohérents" dans l'un de mes livres et voulait me dire qu'il avait trouvé dans une malle vingt-deux oeuvres de ces fameux "anartistes" ! Pendant plus d'une dizaine d'années, ces Incohérents ont réalisé des expositions à Paris où l'humour, la drôlerie, la farce, l'ironie, la dérision ont mené le bal en générant la révolution qu'effectue un jour Marcel Duchamp. Car les premiers ready-made, ce sont eux - un rideau de fiacre exposé par Alphonse Allais. Le premier monochrome, c'est eux - Alphonse Allais et Pierre Bilhaud signent une Première communion de jeunes filles chlorotiques par un temps de neige (1883) qui est un simple bristol blanc...
Les premiers happenings, ou les premières oeuvres conceptuelles, ce sont aussi eux. Duchamp et Breton connaissaient ce courant esthétique révolutionnaire dont seuls subsistent les catalogues dont on aurait même pu penser, tant leur délire était grand, qu'ils étaient eux-mêmes des oeuvres conceptuelles d'expositions n'ayant jamais eu lieu ! Nous savons désormais que ça n'est pas le cas. » Michel Onfray
« La France est plus que jamais coupée en deux : non pas la droite et la gauche, non pas les libéraux et les anti-libéraux, non pas les progressistes et les souverainistes, mais d'une part ceux sur lesquels s'exerce le pouvoir, que je nomme le peuple, et d'autre part ceux qui exercent le pouvoir, les élites comme il est dit.Soyez résolus de ne plus servir et vous voilà libres ! Ce mot de La Boétie doit devenir l'impératif catégorique d'une gauche libertaire et populaire, populiste même si l'on veut, car il n'y a que deux côtés de la barricade, et je ne crains pas de dire que j'ai choisi le camp du peuple contre le camp de ceux qui l'étranglent. »Michel Onfray
 "L'art contemporain est une langue à laquelle il faut être initié de la même manière qu'il faut l'être à toute oeuvre d'art quelle qu'elle soit, quel qu'en soit le siècle. On ne comprend pas plus facilement le portrait de Louis XIV par Hyacinthe Rigaud si l'on ignore la symbolique de l'époque que le bouquet de tulipes de Jeff Koons si l'on ne se sait rien de son combat LGBTQ+ dans notre temps. Â
  Je voudrais effectuer le chemin qui va des premières traces d'art (Lascaux 20.000 ans environ) jusqu'au fameux bouquet de Jeff Koons (2019), autrement dit de la préhistoire à nos jours, afin de lutter contre les oiseaux de malheur pour qui l'art est mort, le Beau y aurait toujours fait la loi et ne le ferait plus, à quoi il faudrait ajouter que, selon eux, la totalité de l'art contemporain mériterait la poubelle. Le Beau a été un souci récent dans l'histoire de l'art et il a cessé de l'être assez rapidement - quelques décennies entre l'invention du mot esthétique en 1750 sous la plume de Baumgarten et celle de la photographie en 1826. Arguer, donc, que l'art contemporain ayant cessé d'être Beau, il ne serait pas légitime de parler d'art, s'avère une sottise."Michel ONFRAY
Une brève - mais magistrale - histoire de l'art, de la préhistoire à nos jours, par Michel Onfray, qui donne les principales clés pour comprendre et s'initier à l'art.
Omerta, chasse aux sorcières et calomnie... Qui donc organise la censure par le silence, promeut de mauvais livres par la connivence idéologique, organise la désinformation par le discrédit ?Ce dernier demi-siècle a connu de grandes polémiques où la pensée dominante a défendu les idéologies qui lui servent de fondations : le maoïsme que Simon Leys démontait dans
Les Habits neufs du président Mao (1971) ; le marxisme qu'effondrait
L'Archipel du Goulag (1973) de Soljenitsyne; l'antiracisme que Paul Yonnet dénonçait dans
Voyage au centre du malaise français (1993); l'impérialisme islamiste dont Samuel Huntington prophétisait la menace dans
Le Choc des civilisations (1996); la psychanalyse que ridiculisait
Le Livre noir de la psychanalyse (2005); le mythe d'un islam civilisateur de l'Occident que décomposait
Aristote au mont Saint-Michel (2008) de Sylvain Gouguenheim.
Michel Onfray raconte l'histoire de ce qu'Orwell, dans
1984, nommait les " crimes par la pensée ".
L'intérêt des philosophes romains c'est qu'on peut vivre selon leurs principes. Le poème de Lucrèce, De la nature des choses, se présente un immense traité existentiel perdu dans une encyclopédie du monde.
On peut vivre selon Lucrèce. Son poème est d'ailleurs une proposition existentielle faite à son dédicataire Memmius. Le philosophe propose en effet une conversion, autrement dit : une vie nouvelle faisant suite à l'ancienne qu'on abandonne après avoir compris ce qu'il y avait à comprendre, initié par un sage qui nous transmet son savoir. Ici : que le réel est matériel, qu'il n'est fait que d'atomes qui tombent dans le vide et de rien d'autre ; que cette physique de l'ici-bas dispense d'une métaphysique de l'au-delà ; que la religion est superstition et qu'il faut lui préférer la philosophie ; qu'il faut donner au corps ce qu'il demande dans la limite où ce qu'on lui donne ne l'asservit pas ; que l'amour est un remède à la passion ; que la sagesse est atteignable et qu'elle consiste en une arithmétique des plaisirs accompagnée par une diététique des désirs ; qu'il n'y a ni enfer ni paradis mais juste un monde immanent et tangible ; que la mort n'est pas à craindre puisqu'elle n'est qu'une modification de la matière et non sa suppression ; que le réel est tragique et que le savoir confère de la sérénité ; que le paradis existe sur terre pourvu qu'on le construise avec détermination. Ce livre pend donc la forme d'une série de neuf lettres comme autant d'invitations à une sculpture de soi. Cette éthique propose une esthétique de l'existence.
J'ai subi un infarctus quand je n'avais pas encore trente ans, un AVC quelque temps plus tard, puis un deuxième en janvier 2018. Nietzsche a raison de dire que toute pensée est la confession d'un corps, son autobiographie. Que me dit le mien avec ce foudroiement qui porte avec lui un peu de ma mort ? La disparition de ma compagne cinq ans en amont de ce récent creusement dans mon cerveau, qui emporte avec lui un quart de mon champ visuel, transforme mon corps en un lieu de deuil. " Faire son deuil " est une expression stupide, car c'est le deuil qui nous fait. Comment le deuil nous fait-il ? En travaillant un corps pour lequel il s'agit de tenir ou de mourir. Un lustre de mélancolie ou de chagrin porte avec lui ses fleurs du mal. Ce texte est la description du deuil qui me constitue. Faute d'avoir réussi son coup, la mort devra attendre. Combien de temps ? Dieu seul (qui n'existe pas) sait... Pour l'heure, la vie gagne. Ce livre est un manifeste vitaliste. M. O.
La plupart du temps, quand un peintre choisit de traiter un sujet philosophique, il peint un texte. Un texte ou une phrase de ce texte, un moment de ce texte, voire un mot. Comme il est difficile de peindre une idée, il lui faut peindre un clin d'oeil qui dira cette idée à laquelle se résume la totalité de la pensée du philosophe : ce clin d'oeil est un détail, or le diable est dans les détails. Ce qu'il faut voir dans une peinture que je dirai philosophique, c'est le détail qui résume cette philosophie. Pour Anaxagore, c'est une lampe à huile, des légumes pour Pythagore, une cruche pour Socrate et Xanthippe, des larmes pour Héraclite, un rire pour Démocrite, une coupe pour Socrate, une lanterne pour Diogène, une caverne pour Platon, un crocodile pour Aristote, une lancette pour Sénèque, un pain pour Marc-Aurèle, une coquille pour Augustin, ceci pour rester dans les limites de la philosophie antique.
De Pythagore à Derrida, via Descartes et Kant, Montaigne et Rousseau, Voltaire et Nietzsche parmi d'autres, en trente-quatre toiles, donc en trente-quatre philosophes, Michel Onfray propose une histoire de la philosophie par la peinture !
L'abbé de Rancé a vécu un deuil marquant : celui de sa maîtresse, la duchesse de Montbazon, grande libertine morte à l'âge de quarante-cinq ans. Bien des légendes courent autour de cet épisode, rapportées par Chateaubriand et par les chroniqueurs de la Trappe. Ce qui est certain, c'est que l'abbé a rompu brutalement avec ses pratiques hédonistes, s'est dépouillé de tous ses biens et a refondé l'ordre des Trappistes sur une règle d'une dureté inouïe.
Michel Onfray, séjournant à l'abbaye de la Trappe, interroge l'étrange relation à la mort et à Dieu qui motive, encore aujourd'hui, le retrait du monde et l'extrême sévérité de la discipline que s'imposent les moines trappistes. Ce texte, d'une vitalité impressionnante, amène également Michel Onfray à évoquer ses propres deuils, celui de son père et celui de sa compagne, comparant les effets de la perte sur sa vie d'athée convaincu et sur celle d'un croyant forcené comme Rancé.
En allant sur les traces sublimes des paysages de Nietzsche à Sils-Maria, Michel Onfray propose une généalogie géologique de sa pensée : les montagnes et les lacs sont, entre les avalanches, les lieux où naît le surhomme qui n'est pas une figure politique mais une figure éthique. Chacun, et chacune, peut être surhomme, il suffit pour ce faire de savoir ce qu'est le réel, de le vouloir et de l'aimer, ce qui conduit à une joie à la portée de tous. Contre les usages fascistes ou gauchistes de Nietzsche, Michel Onfray propose la sagesse antique réactualisée par le philosophe allemand pour nos temps postchrétiens.
Sélection Les 100 livres de l'année 2019 du magazine Lire
Comment se comporter dans une civilisation qui menace de s'effondrer ? En lisant les Romains dont la philosophie s'appuie sur des exemples à suivre et non sur des théories fumeuses.Sagesse est un genre de péplum philosophique dans lequel on assiste à la mort de Pline l'Ancien et à des combats de gladiatrices, à des suicides grandioses et à des banquets de philosophes ridicules, à des amitiés sublimes et à  des assassinats qui changent le cours de l'histoire. On y croise des personnages hauts en couleur : Mucius Scaevola et son charbon ardent, Regulus et ses paupières cousues, Cincinnatus et sa charrue, Lucrèce et son poignard. Mais aussi Sénèque et Cicéron, Épictète et Marc Aurèle.Ce livre répond à des questions très concrètes : quel usage faire de son temps ? Comment être ferme dans la douleur ? Est-il possible de bien vieillir ? De quelle façon apprivoiser la mort ? Doit-on faire des enfants ? Qu'est-ce que tenir parole ? Qu'est-ce qu'aimer d'amour ou d'amitié ? Peut-on posséder sans être possédé ? Faut-il s'occuper de politique ? Que nous apprend la nature ? À quoi ressemble une morale de l'honneur ?Dans l'attente de la catastrophe, on peut toujours vivre en Romain : c'est-à -dire droit et debout.
Michel Onfray a publié plus d'une centaine de livres et est traduit dans 25 pays. Il est le fondateur en 2002 de l'Université populaire de Caen et a lancé en 2016 sa webtv : michelonfray.comSagesse est le troisième volet de la Brève encyclopédie du monde, après Cosmos et Décadence.
Comme il l'avait fait précédemment avec Gauguin et Segalen aux Marquises, Michel Onfray a suivi les traces d'Artaud au pays des Tarahumaras. En 1936, Artaud cherche au Mexique un remède à l'inéluctable décadence de l'Occident et de l'Orient civilisés, en même temps qu'à ses propres tourments. Pourquoi cet esprit libre et souffrant s'intéresse-t-il au Popol-Vuh à une époque où seuls Le Capital et Freud captivent l'intelligentsia ? Artaud, qui rêve de trouver dans les rites précolombiens un moyen de rédemption, rentrera chez lui les mains vides et le coeur brûlé au spectacle d'une civilisation anéantie par la chrétienté et la modernité.
Quatre-vingts ans plus tard, Michel Onfray découvre à son tour ce qui reste des Tarahumaras et de leurs rites : un peuple acculturé, détruit par la tuberculose et l'électricité, vidé de sa mémoire, promis à la disparition - comme tant d'autres peuples "premiers" décimés par les conquêtes coloniales et religieuses.
On retrouve ici la méthode de pensée de Michel Onfray, et sa ligne directrice : marcher sur les pas des grands réfractaires, dans les lieux de leurs visions fondamentales, et prolonger leur réflexion sur la décadence et la mort des civilisations.
La philosophie d'Onfray, de A à Z." Je n'imagine pas la philosophie sans la vie philosophique, et la vie philosophique sans le roman autobiographique qui l'accompagne, la rend possible et témoigne de l'authenticité du projet. Une existence doit produire une oeuvre exactement comme en retour une oeuvre doit générer une existence. "
M. Onfray,
Théorie du corps amoureux.
Ce livre est le parfait résumé d'une oeuvre par son auteur. Composé de pensées, fragments, aphorismes, extraits de tous ses ouvrages, de 1989 à aujourd'hui, cela représente la véritable bible du philosophe français le plus connu dans le monde.
Il s'y trouve tout ce qui constitue la philosophie d'Onfray : l'hédonisme, sa critique de la morale et des religions, son rejet de la psychanalyse, le libertinage, l'amour, la sexualité, les philosophes, Nietzsche, l'athéisme, le voyage, la politique, le vin, la diététique, la bourgeoisie, l'Europe, l'anarchie, le capitalisme, les Tziganes, ses visions toutes personnelles de la nature, de l'art, de l'écriture... Des sujets multiples comme autant de facettes d'une pensée polyphonique fascinante.
Un dictionnaire de vie philosophique, pour tous.
Selon le principe du Journal hédoniste, ce volume rassemble une quinzaine de textes conçus comme des réflexions instantanées sur les événements et débats du moment, des lectures ou des spectacles, des amitiés, ou évocations plus intimes liées à l'engagement de philosophe de Michel Onfray comme à sa vie personnelle. Le premier de ces textes, " Penser comme un cheval ", est un hommage à Bartabas, chez qui Michel Onfray retrouve le signe de cette sagesse des premiers âges qu'il rattache au panthéisme : la communion de l'homme avec l'animal. Ce lien essentiel qui l'unit à la nature est souligné dans deux autres chroniques sur la lumière et les oiseaux. La pensée politique de Michel Onfray, indissociable de sa réflexion philosophique, s'exprime avec force dans un éloge de Proudhon et de son " anarchie positive ", modèle à ses yeux d'une révolution qui peut s'accomplir sans violence. Il reprend cette même idée dans un très beau texte sur Camus, " Célébration de l'Algérie ", y rappelant l'aspiration de l'auteur de L'Étranger à une révolution politique qui ne soit pas dogmatique. Michel Onfray prend là le parti de Camus contre Sartre et la " légende sartrienne ", inscrivant ce " maître de sagesse " dans la lignée de ceux qui " pensent pour vivre " - Montaigne, Pascal, Diderot, Nietzsche... - et non pour seulement philosopher. Michel Onfray appartient à cette même famille, fidèle aux enseignements de son " vieux maître ", Lucien Jerphagnon, dont il salue l'oeuvre et la mémoire dans des pages émouvantes. Au " nihilisme contemporain qui consiste à aborder la plupart des problèmes sous l'angle du pire ", Michel Onfray oppose l'esprit des Lumières, le meilleur garant pour lui d'une indépendance et d'une vitalité intellectuelles dont il fournit dans ce Journal un exemple éclatant.
En parcourant le chemin de la Garenne qui traverse et forme une boucle aux abords du village où il a grandi, Michel Onfray retrouve les souvenirs et les sensations de l'enfance. Il évoque avec émotion des personnages hauts en couleur, durs à la peine - ses parents en premier lieu : le père ouvrier agricole, la mère 'bonne à tout faire'. Il observe le passage du temps, les ravages de la modernité : les édiles locaux en prennent pour leur grade, les agriculteurs inféodés à l'industrie chimique également, mais aussi les écologistes qui ont fait supprimer les barrages sur la Dives pour favoriser la remontée de saumons dont on n'a jamais vu trace dans cette rivière. La nature est très présente : l'enfance est pleine de grillons, de couleuvres, de crapauds, de fleurs et de plantes. Certains portraits peuvent être féroces, mais on sent surtout ici poindre une mélancolie sincère, et un authentique attendrissement quand la promenade sur le chemin de la Garenne est l'occasion de croiser les figures chères du passé.