"J'ai voulu l'oublier cette fille. L'oublier vraiment, c'est-à -dire ne plus avoir envie d'écrire sur elle. Ne plus penser que je dois écrire sur elle, son désir, sa folie, son idiotie et son orgueil, sa faim et son sang tari. Je n'y suis jamais parvenue."
Dans Mémoire de fille, Annie Ernaux replonge dans l'été 1958, celui de sa première nuit avec un homme, à la colonie de S dans l'Orne. Nuit dont l'onde de choc s'est propagée violemment dans son corps et sur son existence durant deux années.
D'une voix grave et sensible, Dominique Reymond nous emmène dans un incessant va-et-vient entre passé et présent et dresse le portrait d'une jeune femme en devenir.
Un bouleversant voyage dans les tréfonds de la mémoire.
J'ai commencé ma vie comme je la finirai sans doute : au milieu des livres. Dans le bureau de mon grand-père, il y en avait partout ; défense était de les faire épousseter sauf une fois l'an, avant la rentrée d'octobre. Je ne savais pas encore lire que, déjà , je les révérais, ces pierres levées : droites ou penchées, serrées comme des briques sur les rayons de la bibliothèque ou noblement espacées en allées de menhirs, je sentais que la prospérité de notre famille en dépendait...
"J'ai longtemps rêvé que ma mère était noire. Je m'étais inventé une histoire, un passé, pour fuir la réalité à mon retour d'Afrique, dans ce pays, dans cette ville où je ne connaissais personne, où j'étais devenu un étranger. Puis j'ai découvert, lorsque mon père, à l'âge de la retraite, est revenu vivre avec nous en France, que c'était lui l'Africain. Cela a été difficile à admettre. Il m'a fallu retourner en arrière, recommencer, essayer de comprendre. En souvenir de cela, j'ai écrit ce petit livre."
J.M.G. Le Clézio.
Quand Vincent van Gogh se suicide en juillet 1890, il laisse une oeuvre considérable, pas moins de 879 peintures, gravures et dessins. Mais il laisse aussi une correspondance capitale comprenant plus de 800 lettres, écrites entre 1872 et sa mort. 668 sont adressées à son frère Théo, son confident, son ange gardien éternellement présent, qui a toujours cru en sa peinture et l'a soutenu matériellement et moralement jusqu'à sa mort. Les lettres sélectionnées ici témoignent de toute la vie d'adulte de Vincent depuis sa quête de Dieu aux Pays-Bas jusqu'à la dernière étape d'Auvers-sur-Oise.
Denis Lavant est Van Gogh, tout simplement. Tour à tour mystique, révolté, déchiré, il semble habité par la souffrance et la recherche acharnée de la peinture qui torturent Vincent jusqu'à son dernier souffle.
"«On se demande parfois de quoi on se souvient. Mieux vaudrait se demander comment. Dans mon cas, je le sais, c'est avec les chansons. J'ai parfois eu l'impression qu'elles prenaient le pas sur la vie. Qu'elles la surpassaient. Qu'elles valaient mieux que moi et que ce qui pouvait m'arriver.»
À l' aube de ses cinquante ans, Dominique Ané revisite des moments importants de sa vie et de son évolution musicale en prenant comme point de départ une vingtaine de morceaux. Comprendre comment naissent les chansons, c'est revenir sur son oeuvre prolifique entamée au début des années 1990 mais c'est aussi renouer avec les traces d'enfance qui ne cessent d'habiter cet artiste, évoquer les rencontres marquantes, les doutes, les peines ; bref, c'est nous inviter à entrer dans son monde."
'Je ne sais rien de mon frère mort si ce n'est que je l'ai aimé. Il me manque comme personne mais je ne sais pas qui j'ai perdu. J'ai perdu le bonheur de sa compagnie, la gratuité de son affection, la sérénité de ses jugements, la complicité de son humour, la paix. J'ai perdu ce qui restait de douceur au monde. Mais qui ai-je perdu?'
Daniel Pennac mêle les souvenirs de son frère disparu à des extraits de Bartleby le scribe, d'Herman Melville. Entre les lignes de cet énigmatique roman, qu'il a adapté et joué sur scène, il ravive la mémoire et l'humour de ce frère tant aimé.
Daniel Pennac nous livre avec tendresse les meilleurs passages d'un texte qu'il aime et qu'il connaît par coeur, entrelacés de souvenirs personnels. Délicieux et émouvant.
L'écoute en classe de ce CD est autorisée par l'éditeur.