Le chagrin conduit le coeur vers la littérature et la philosophie dans l'espoir d'y trouver une consolation, comme un enfant se réfugie dans les bras de sa mère. Mais les mots des autres ne consolent pas. Regarder la mort en face, n'est-ce pas constater notre condition d'êtres résolument inconsolables ?
Qu'est-ce que ça change, vraiment, de perdre son père ? Sans croyance en un au-delà , que signifie l'ultime disparition de ce qui est ? Rien ne change, et pourtant le monde n'est plus le même. Il faut s'habituer à vivre dans un monde sans lui. La vie continue, les matins se succèdent, les enfants grandissent, un nouveau chat rejoint la maison, et après la grande tristesse c'est la peur de l'oubli qui survient.
Et si tout redevenait comme avant ? La vie, même dans l'impossible face-à -face avec la mort, se trouve dans cette alternative : quand le temps s'étire, on s'ennuie ; quand le temps s'arrête, on gémit. Le drame n'est-il qu'une suspension provisoire de nos soucis ? Mais alors, nous autres, êtres inconsolables, avons-nous la possibilité de jouir de l'existence en connaissance de cause ?
A. V. R.
La philosophie politique et la psychanalyse ont en partage un problème essentiel à la vie des hommes et des sociétés, ce mécontentement sourd qui gangrène leur existence. Certes, l'objet de l'analyse reste la quête des origines, la compréhension de l'être intime, de ses manquements, de ses troubles et de ses désirs. Seulement il existe ce moment où savoir ne suffit pas à guérir, à calmer, à apaiser. Pour cela, il faut dépasser la peine, la colère, le deuil, le renoncement et, de façon plus exemplaire, le ressentiment, cette amertume qui peut avoir notre peau alors même que nous pourrions découvrir son goût subtil et libérateur. L'aventure démocratique propose elle aussi la confrontation avec la rumination victimaire. La question du bon gouvernement peut s'effacer devant celle-ci : que faire, à quelque niveau que ce soit, institutionnel ou non, pour que cette entité démocratique sache endiguer la pulsion ressentimiste, la seule à pouvoir menacer sa durabilité? Nous voilà , individus et État de droit, devant un même défi : diagnostiquer le ressentiment, sa force sombre, et résister à la tentation d'en faire le moteur des histoires individuelles et collectives.
"Nous ne savons pas ce qui nous arrive et c'est précisément ce qui nous arrive", écrit José Ortega y Gasset.
Que nous arrive-t-il ? Qu'arrive-t-il à la France ? Au monde ? Notre impéritie vient-elle d'une myopie à l'égard de tout ce qui dépasse l'immédiat ? d'une perception inexacte ? d'une crise de la pensée ? d'un somnambulisme généralisé ?
Tant de certitudes ont été balayées !
Comment naviguer dans un océan d'incertitude ? Comment comprendre l'histoire que nous vivons ? Comment admettre enfin que, en dégradant l'écologie de notre planète, nous dégradons nos vies et nos sociétés ? Comment appréhender le monde qui se transforme de crise en crise ? Comment concevoir l'aventure inouïe de notre humanité ? Est-ce une course à la mort ou à la métamorphose ?
Serait-ce à la fois l'un et l'autre ?
Réveillons-nous !
E. M.
La voix puissante de Bernard Métraux porte haut et fort cet appel à résister aux tentations réactionnaires. Une lecture indispensable !
Par ses investigations sur la mafia et le crime organisé, par ses prises de parole politiques, Roberto Saviano incarne le courage civique. En puisant dans sa propre expérience, il s'adresse aujourd'hui aux générations futures, les incitant à s'exprimer, à s'engager. En dressant les portraits de trente personnalités, de la Grèce antique à nos jours, il dénonce dans un livre incisif les manipulations, la propagande, la censure, le formatage par le marketing, les dérives du monde contemporain, et invite à réfléchir par soi-même, à ne pas tergiverser sur la défense de nos valeurs fondamentales.
La néoplatonicienne Hypatie, Martin Luther King, Giordano Bruno, Émile Zola, Anna Akhmatova, Edward Snowden, Jamal Khashoggi... ces figures choisies comme exemples de courage et de dignité sont, loin de toute héroïsation, présentées avant tout comme des hommes et des femmes ordinaires qui n'ont jamais renoncé à leurs convictions. Autant de cris, d'inspirations audacieuses pour tous ceux qui veulent s'engager pour un monde plus juste.
Dans ce bref ouvrage, Elena Ferrante se confie sur sa vision de l'écriture et du roman à travers trois « conférences » - qui n'en sont peut-être pas vraiment - et un essai. L'autrice de la saga de L'amie prodigieuse revisite l'écrivaine en devenir qu'elle était sur les bancs de l'école jusqu'à la parution des best-sellers qui ont fait sa renommée actuelle. En se souvenant de ses cahiers d'écolière, elle relève une tension qui marque encore aujourd'hui sa plume : elle s'appliquait à respecter les marges tout en désirant les dépasser. Elena Ferrante apparaît dans Entre les marges comme une romancière qui interroge sa pratique en profondeur. Elle n'hésite pas à s'appuyer sur les citations d'écrivains qui ont compté pour enrichir ses réflexions et évoque, notamment, Goliarda Sapienza comme un véritable séisme dans sa vie de lectrice et d'écrivaine. Cette découverte lui a permis de s'émanciper d'une forme d'écriture « masculine ». À travers ces interrogations, Elena Ferrante s'aventure sur des territoires plus vastes, ne questionnant pas seulement sa propre oeuvre mais nourrissant une réflexion sur l'art et l'écriture créative en général. Ces courts textes, que l'on peut voir comme une continuation de Frantumaglia (2019), éclairent avec finesse et profondeur le chemin d'écriture d'une des autrices les plus énigmatiques de notre époque.
"Changer l'Église ? Plutôt changer ses modes d'organisation et de gouvernance, interroger ses lieux de décision. Qu'avons-nous à perdre si ce n'est du pouvoir ! Qu'aurions-nous à gagner ? Un meilleur service des frères et de Dieu. Pour moi, le choix est vite fait !"
Mgr Pascal Wintzer
Quand le mensonge, la dissimulation, les délits et les crimes entachent l'épiscopat français, laissant les fidèles honteux et l'opinion incrédule, comment ne pas se sentir empêché dans l'accomplissement de sa mission ? C'est un tel désarroi qui s'exprime ici par la voix de l'archevêque de Poitiers, s'interrogeant sur le sens et le devenir de sa charge après la série de révélations sur les abus sexuels au sein de l'Église. En pleine crise morale et systémique, l'Institution catholique donne aujourd'hui l'impression de faire écran à Celui qu'elle sert. Si elle ne veut s'éteindre, elle n'a d'autre choix que de se convertir. Par où commencer ? Probablement par tout ce qui entretient l'entre-soi et l'impunité, l'immaturité et l'emprise dans l'exercice exclusif du pouvoir par la cléricature... et qui aura détourné celle-ci de ses devoirs d'humanité indissociables de sa vocation pastorale.
Palmarès Le Point -  Les 30 livres de l'année 2022
« C'est à l'âge de quinze ans que le chant s'est éveillé en moi. Je m'ouvrais à la poésie et entrais, comme par effraction, dans la voie de la création... » Depuis son premier essai sur l'eau et la soif - unique témoin de son adolescence chinoise qu'il a emporté en France et dont il nous livre aujourd'hui la traduction - en passant par ses rencontres avec Gide, Vercors, Lacan, Michaux, Emmanuel, Bonnefoy et tant d'autres, François Cheng nous fait partager la longue route qui l'a conduit à devenir, lui l'exilé qui ne savait dire ni « bonjour » ni « merci » lorsqu'il est arrivé à Paris, un poète français.
Cette route, malgré les affres de la guerre en Chine, l'extrême précarité matérielle des premières décennies en France, et de cruels tourments intérieurs, mais est toujours éclairée par la poésie française qu'il intériorise au fond de sa nuit solitaire. Elle l'est aussi par un amour passionné pour la langue d'un pays dont François Cheng a fini par épouser le « chant » et le destin. La lumière singulière qui émane de ce récit est celle d'une symbiose qui unit la Voie du Tao et la voie orphique et christique, orientant sans cesse le poète vers l'authentique universel.
" Une merveille." Challenges
Derrière l'épouvantail woke, le vieux monde allié à l'extrême droite s'attaque à la jeunesse et à son combat renouvelé pour la justice, sexuelle, raciale, sociale, climatique - en fustigeant une génération de fanatiques qui menaceraient la civilisation. Or, la violence et l'intolérance, le cancel et le shaming, sont en face : là où on fait la guerre aux minorités, hurle au racisme anti-blanc et à l'hystérie féministe, ridiculise les transitions de genre et punit les écolos radicaux. Contre ces retours de bâton, quelque chose d'inédit est en train de se lever, qui a ses tics de langage mais aussi ses ruses, ses affects, son ancrage et son intelligence critique, en quête d'une civilité nouvelle et d'un horizon d'émancipation commun.
"Pas de shabbat, pas de dimanche pour les machines. Et les hommes suivent au rythme infernal du cirque consumériste. Et ça se dit libre."
Jean Rouaud
Alors que le débat sur la place du travail dans nos vies anime à nouveau la société française, il est utile de nous remémorer le jour de paresse que, selon les Écritures, s'octroya le Créateur au septième jour de la Genèse. Cette sagesse n'est certes pas celle des hommes, occupés depuis le Néolithique, et l'invention géniale de l'agriculture, à exploiter sans répit ni mesure ce qui leur a été donné : la Terre, les animaux et eux-mêmes. Exploiter jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien à tirer, exploiter jusqu'à l'épuisement de toutes nos vraies richesses, naturelles et humaines. Comme Dieu le fit pour lui-même, et à l'exemple de ce que fut la succession des saisons, octroyons-nous ce temps de repos, laissons vivre le vivant et, avant qu'il ne soit trop tard, accordons des vacances à la terre :"Vacances pour la Terre, Repos la Terre, Shabbat ma Terre".
"Je me souviens du moins d'une grande fille magnifique qui avait dansé tout l'après-midi. Elle portait un collier de jasmin sur sa robe bleue collante, que la sueur mouillait depuis les reins jusqu'aux jambes. Elle riait en dansant et renversait la tête. Quand elle passait près des tables, elle laissait après elle une odeur mêlée de fleurs et de chair."
Justine Augier ("De l'ardeur", "Par une espèce de miracle"...) qui pratique et incarne une forme de pudeur et d'éthique littéraire assez uniques voit son projet d'écrire sur la littérature comme lieu de l'engagement entrer en collision avec la maladie et bientôt la mort de sa mère. Alors que la nature même de l'urgence mute, l'intime et l'universel se tressent dans un texte bouleversant de justesse et de clairvoyance. Et qui rappelle le potentiel devenir résistant de chaque lecteur.
À l'intersection du littéraire et du politique un livre bref et fulgurant qui trouve sa place entre Hannah Arendt et Joan Didion. Pas moins.
«C'est facile, d'écosser les petits pois. Une pression du pouce sur la fente de la gousse et elle s'ouvre, docile, offerte. Quelques-unes, moins mûres, sont plus réticentes - une incision de l'ongle de l'index permet alors de déchirer le vert, et de sentir la mouillure et la chair dense, juste sous la peau faussement parcheminée. Après, on fait glisser les boules d'un seul doigt. La dernière est si minuscule. Parfois, on a envie de la croquer. Ce n'est pas bon, un peu amer, mais frais comme la cuisine de onze heures, cuisine de l'eau froide, des légumes épluchés - tout près, contre l'évier, quelques carottes nues brillent sur un torchon, finissent de sécher.
Alors on parle à petits coups, et là aussi la musique des mots semble venir de l'intérieur, paisible, familière. On parle de travail, de projets, de fatigue - pas de psychologie.»
Nous ne pouvons plus le nier, il nous faut faire désormais face à la catastrophe climatique. N'est-il pas temps d'entrer en résistance contre les logiques de destruction massive, frénétique, de nos écosystèmes ? Dans ce "Petit manuel", revu et augmenté, sans chercher à apporter de réponses définitives, Cyril Dion propose de nombreuses pistes d'actions. Plus encore, il nous invite à renouer avec notre élan vital, à mener une existence où chaque chose que nous faisons, depuis notre métier, jusqu'aux tâches les plus quotidiennes, participe à construire le monde dans lequel nous voulons vivre. Nouvelle édition revue et augmentée.
« Limonov n'est pas un personnage de fiction. Il existe. Je le connais. Il a été voyou en Ukraine ; idole de l'underground soviétique sous Brejnev ; clochard, puis valet de chambre d'un milliardaire à Manhattan ; écrivain branché à Paris ; soldat perdu dans les guerres des Balkans ; et maintenant, dans l'immense bordel de l'après-communisme en Russie, vieux chef charismatique d'un parti de jeunes desperados. Lui-même se voit comme un héros, on peut le considérer comme un salaud : je suspends pour ma part mon jugement. C'est une vie dangereuse, ambiguë : un vrai roman d'aventures. C'est aussi, je crois, une vie qui raconte quelque chose. Pas seulement sur lui, Limonov, pas seulement sur la Russie, mais sur notre histoire à tous depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. »Prix RenaudotPrix de la langue françaisePrix des prix
Se sentir chaque jour un peu moins de son temps, un peu plus anachronique, n'a pas que des inconvénients. Une personne déplacée peut revoir en souriant tout ce qu'elle avait cru devoir prendre au sérieux, et qui l'était si peu en fin de compte : déchirements intellectuels, bisbilles politiques, plans sur la comète, bref, tout ce qui se fane inexorablement avec les ans. Pas de quoi se griffer le visage tant il y a de bonheur, en contrepoint, à voir resurgir, en bout de course, plus vivaces, plus entraînants que jamais, les héros de roman dont il nous est arrivé d'usurper l'identité dans notre for intérieur, parce qu'en nous prêtant leur vie, le temps d'un éclair, ils nous ont rendu la nôtre presque digne d'avoir été vécue.
R. D.
Dans ce recueil d'essais, articles et autres discours écrits sur une période de dix-sept ans, Salman Rushdie se fait historien, conteur, ami et critique de ses auteurs favoris, mais aussi guide pour écrivain en herbe. Ainsi navigue-t-il entre origine des contes et de la littérature, cours magistral d'écriture, anecdotes sur l'évolution d'une oeuvre à travers les âges ou sur les liens entre tel et tel auteur, et analyse de ses propres romans. "Langages de vérité" jette une lueur sur "l'atelier poétique" de l'auteur, sublime caverne d'Ali-Baba. Réunis pour la première fois, ces textes entonnent un puissant hymne à la création et à la liberté de créer, dans un monde où la liberté d'être soi-même (quoi que cela recouvre) est de plus en plus menacée.
Dans Les Cercueils de zinc, Svetlana Alexievitch avait osé violer en 1989 un des derniers tabous de l'ex-URSS : elle dénonçait le mythe de la guerre d'Afghanistan, des guerriers libérateurs. Comme Svetlana Alexievitch le soulignait elle-même, l'Union soviétique était un État militariste qui se camouflait en pays ordinaire et il était dangereux de faire glisser la bâche kaki qui recouvrait les fondations de granit de cet État.
La vérité n'est jamais bonne à dire, Les Cercueils de zinc valut à son auteur un procès pour
"calomnie". Reste que sans ce livre on ne saurait rien de la guerre des Soviétiques en Afghanistan ni, vues de l'intérieur, des dernières années de l'URSS. Un témoignage capital du Prix Nobel de littérature 2015, dans une édition revue par l'auteur.
"Je suis convaincue de l'urgence morale qu'il y a à nous atteler à imaginer ensemble une éducation différente pour nos enfants, pour tenter de créer un monde plus juste à l'égard des femmes et des hommes."
À une amie qui lui demande quelques conseils pour élever selon les règles de l'art du féminisme la petite fille qu'elle vient de mettre au monde, Chimamanda Ngozi Adichie répond sous la forme d'une missive enjouée, non dénuée d'ironie, qui prend vite la tournure d'un manifeste. L'écrivain nigériane examine les situations concrètes qui se présentent aux parents d'une petite fille et explique comment déjouer les pièges que nous tend le sexisme, à travers des exemples tirés de sa propre expérience. Cette lettre manifeste s'adresse à tous : aux hommes comme aux femmes, aux parents en devenir, à l'enfant qui subsiste en nous et qui s'interroge sur l'éducation qu'il a reçue. Chacun y trouvera les clés d'une ligne de conduite féministe, qui consiste à croire en la pleine égalité des sexes et à l'encourager.
Grand Prix de l'Héroïne Madame Figaro 2017
"Tu es entrée, par hasard, dans une vie dont je n'étais pas fier, et de ce jour-là quelque chose a commencé de changer. J'ai mieux respiré, j'ai détesté moins de choses, j'ai admiré librement ce qui méritait de l'être. Avant toi, hors de toi, je n'adhérais à rien. Cette force, dont tu te moquais quelquefois, n'a jamais été qu'une force solitaire, une force de refus. Avec toi, j'ai accepté plus de choses. J'ai appris à vivre. C'est pour cela sans doute qu'il s'est toujours mêlé à mon amour une gratitude immense."
Pendant quinze ans, Albert Camus et Maria Casarès échangent des lettres où jaillit toute l'intensité de leur amour. Entre la déchirure des séparations et les élans créateurs, cette correspondance met en lumière l'intimité de deux monstres sacrés au sommet de leur art.
Comment dire adieu à un être cher alors que le monde entier est frappé par une crise sanitaire, que le défunt repose au Nigeria et que ses enfants sont bloqués en Angleterre et aux États-Unis ? Le père de Chimamanda Ngozi Adichie vient de mourir. Séparée de ses proches, cette dernière vit un deuil empêché et solitaire. Elle écrit alors sous la forme de courts chapitres, composés comme des soubresauts de chagrin et de rage, où l'amour et l'admiration qu'elle portait à son père explosent à chaque page.
James Nwoye Adichie a traversé plusieurs époques de l'histoire du Nigeria. S'il a transmis la culture et la langue igbos à ses enfants, essentielles à l'oeuvre de l'autrice, il s'est aussi élevé contre certaines traditions de son pays. En partageant des anecdotes familiales simples et touchantes, Chimamanda Ngozi Adichie rend hommage au professeur émérite de l'université du Nigeria, mais surtout au père humble et affectueux qu'il était, son "dadounet originel".
La perte se voit ainsi transcendée par l'amour et la transmission.
Dans ce nouveau volume, entièrement dédié aux philosophes, Michel Onfray et Jacques Perry-Salkow montrent que l'anagramme est tout autant un jeu de lettres qu'un jeu de l'être. Michel Onfray a choisi d'associer un philosophe et un objet tant il est vrai que l'objet, bien souvent, dit l'homme : une sphère pour Parménide, un divan pour Antiphon, une coupe pour Socrate, une écuelle pour Diogène, une bague pour Érasme, une fraise pour Descartes...
"La dévaluation de l'enseignement public ratifie l'abandon de ceux qui n'ont que l'école pour s'élever."
Camille Dejardin
Ce qui se joue à l'école concerne chacun de nous du fait de ses conséquences sur la société. Or l'"ascenseur social" républicain n'opère plus. L'école trahit ses usagers, ses acteurs et, surtout, ses promesses d'égalité des chances par l'instruction et l'éducation à la citoyenneté. Pire, année après année, les politiques conduites aggravent le mal. Réforme du collège en 2016, réforme du lycée et du baccalauréat en 2019... : le décalage entre les choix opérés et les besoins essentiels révèle une faillite orchestrée où règnent l'absurde et l'iniquité.
Par contraste, il indique aussi comment rebâtir une éducation nationale juste, formatrice et émancipatrice pour tous.
Philosopher ne sert à rien. Pour être heureux : inspirons-nous des chats.
Depuis la nuit des temps, de nombreux penseurs ont cherché des moyens d'accéder au bonheur et à la tranquillité de l'âme. Aucun n'a vraiment réussi et l'épineuse question de savoir comment vivre continue de susciter la même angoisse.
Les chats n'ont pas ce genre de problème. Obéissant à leur nature, ils se satisfont de la vie que celle-ci leur donne. Dans ce petit ouvrage aussi éclairant qu'amusant, John Gray nous montre que nous pouvons apprendre, grâce à ces remarquables animaux, pourquoi notre quête fébrile du bonheur est vouée à l'échec.
« Le monde vit un grand spectacle permanent, mélange de cirque et de concert de klaxons. Dès l'adolescence, je me suis installé dans le confort ricanant de l'écriture pour l'observer. De décennie en décennie, je suis arrivé tant bien que mal à l'année 2010, date à laquelle commence ce nouvel ouvrage écrit entre 2010 et 2020, à raison de deux feuillets hebdomadaires pour Le Point. Les événements comptent peu, sauf les morts. Les partis sont pris.Guerres et soirées, élections et vacances, amours et désenchantements, villes et mers (et même un peu de Seine-et-Marne) : toute ma vie y est accrochée, comme Don Quichotte sur les ailes d'un moulin de la Manche. J'écris mes articles comme des romans et mes romans comme des articles : Dieu reconnaîtra les saints. J'ai d'abord écrit dans les journaux pour sortir de chez moi afin d'aller au journal, jusqu'à ce que le fax, puis le mail m'intiment de rester à la maison derrière un bureau que je n'ai pas. Des années que j'écris sur un canapé : le lieu de la mort de Pouchkine. »       P. B.