"J'ai voulu l'oublier cette fille. L'oublier vraiment, c'est-à-dire ne plus avoir envie d'écrire sur elle. Ne plus penser que je dois écrire sur elle, son désir, sa folie, son idiotie et son orgueil, sa faim et son sang tari. Je n'y suis jamais parvenue."
Annie Ernaux replonge dans l'été 1958, celui de sa première nuit avec un homme, à la colonie de S dans l'Orne. Nuit dont l'onde de choc s'est propagée violemment dans son corps et sur son existence durant deux années. S'appuyant sur des images indélébiles de sa mémoire, des photos et des lettres écrites à ses amies, elle interroge cette fille qu'elle a été dans un va-et-vient entre hier et aujourd'hui.
Le Journal d'Anne Frank
"J'ai commencé ma vie comme je la finirai sans doute : au milieu des livres. Dans le bureau de mon grand-père, il y en avait partout ; défense était de les faire épousseter sauf une fois l'an, avant la rentrée d'octobre. Je ne savais pas encore lire que, déjà, je les révérais, ces pierres levées : droites ou penchées, serrées comme des briques sur les rayons de la bibliothèque ou noblement espacées en allées de menhirs, je sentais que la prospérité de notre famille en dépendait..."
' Les souvenirs ici réunis ne s'apparentent pas à des Mémoires, au sens classique du terme, mais relèvent de ce que l'on appelait autrefois un roman d'apprentissage. Je me suis spontanément concentré sur les traits singuliers de mes jeunes années : la guerre de neuf à treize ans pour un enfant juif ; une famille faite d'individualités fortes ; une impossibilité à me plier aux normes universitaires sans pouvoir cependant m'en détacher ; une initiation amoureuse des moins banales ; une ouverture à plusieurs types de vie qui n'a pas été offerte à tous. Une jeunesse qui m'a fait ce que je suis. '
P. N.
"D'une certaine façon, nous disons toujours pour ne pas dire, mais de l'historien de soi, on attend qu'il résiste de tout son être à la tentation commune de falsifier, de déformer et de nier."
Sur le fil entre souvenirs des faits et souvenirs imaginés, l'auteur de La tache dévoile son rapport complexe à l'art et à l'existence à travers cinq moments fondateurs : son enfance à Newark dans les années 1930 ; son expérience de l'américanité à l'université ; son premier mariage chaotique ; l'indignation de la communauté juive à la parution de Goodbye, Colombus ; et enfin, la découverte, dans les années 1960, d'une liberté créatrice qui donnera naissance à Portnoy et son complexe.
Mais comment écrire à propos des faits de l'existence lorsqu'on a passé une vie entière à changer l'ordinaire en extraordinaire avec une originalité et une audace si féroces ? Tel est le questionnement que Roth explore ici avec malice et clairvoyance.
"Je ne sais rien de mon frère mort si ce n'est que je l'ai aimé. Il me manque comme personne mais je ne sais pas qui j'ai perdu. J'ai perdu le bonheur de sa compagnie, la gratuité de son affection, la sérénité de ses jugements, la complicité de son humour, la paix. J'ai perdu ce qui restait de douceur au monde. Mais qui ai-je perdu ?"
Daniel Pennac.
"En 2008, Michelle Porte, que je connaissais comme la réalisatrice de très beaux documentaires sur Virginia Woolf et Marguerite Duras, m'a exprimé son désir de me filmer dans les lieux de ma jeunesse, Yvetot, Rouen, et dans celui d'aujourd'hui, Cergy. J'évoquerais ma vie, l'écriture, le lien entre les deux. J'ai aimé et accepté immédiatement son projet, convaincue que le lieu - géographique, social - où l'on naît, et celui où l'on vit, offrent sur les textes écrits, non pas une explication, mais l'arrière-fond de la réalité où, plus ou moins, ils sont ancrés."
"En 68, ils avaient trente-cinq ans, aucune conscience politique, et surtout aucune conscience. Ils pataugeaient dans l'innocence. Aimer ses enfants n'est pas un crime, non ? Si, comme ça, si. Aller ensuite expliquer que ces gestes, ces actes, ces mains, ces langues, ces caresses en passant, cet exhibitionnisme forcené constituent le climat le plus fécond de l'inceste ? Impensable. À quoi bon le leur dire ? Ils ne m'auraient pas crue. Ils ne m'ont pas crue. Mère pourtant l'a compris... à la toute fin de sa vie."
Unique par l'ampleur de ce qu'il dévoile, ce témoignage sur l'inceste dresse le portrait glaçant d'une lignée de bourreaux.
Ella Maillart avait l'oeil ethnographique, parfois sensuel, souvent ironique. En témoignent la quinzaine de textes inédits, peu connus ou introuvables de ce recueil, comme "Le sens du voyage" (1948), "L'école dans les nuages" (1966), "Voyage au Turkestan russe" (1935), "Le culte du serpent" en Inde, ou l'émouvant "Route à l'Est" (1939), version "sur le vif" de "La Voie cruelle". Attentive, où qu'elle soit, à la condition des femmes, Ella Maillart s'y montre à chaque instant d'une énergie et d'une curiosité inouïes, attirée comme un aimant par les contrées interdites, les trajets en zig-zag et les rencontres de hasard, pratiquant aussi l'art de la lenteur pour assimiler l'expérience, quêtant l'essentiel, qui seul est durable - l'immense nature, la liberté.
Voici la plus ingénieuse évasion de l'histoire des esclaves fugitifs. Décembre 1848 : pour fuir l'esclavage, Ellen et William Craft imaginent un stratagème qui n'est pas sans rappeler celui des époux Grappe dans "La Garçonne et l'Assassin" : Ellen, qui est métisse, se transforme en riche gentleman blanc, tandis que son mari se fait passer pour son serviteur. Ensemble, après de multiples péripéties, ils atteindront Boston, puis, la loi sur les esclaves fugitifs de 1850 leur faisant courir trop de risques, ils s'embarqueront pour vingt ans d'exil en Angleterre...
Depuis Les Fourmis : 30 romans, 30 ans, 30 traductions, 30 millions de lecteurs...
Bernard Werber, c'est une vie à part et une oeuvre mondialement reconnue où se croisent des anges, des dieux, des chats, des templiers, des fourmis et des abeilles..., où la science nous initie au « savoir relatif et absolu » du professeur Wells.
Sous la forme de 22 chapitres correspondants aux 22 arcanes d'un jeu de tarot, Bernard Werber nous révèle dans ce livre les secrets de ses romans, les surprenantes aventures et expériences qui les inspirent, comme la pratique du rêve lucide et l'hypnose régressive. Entre art du suspense et puissance de l'imaginaire, c'est un véritable atelier d'écriture dont il ouvre les portes pour la première fois.
Intime et captivant, Mémoires d'une fourmi nous renvoie aux mystères de nos propres vies.
" Un merveilleux récit de vie." Lire-Magazine Littéraire
"J'ai longtemps rêvé que ma mère était noire. Je m'étais inventé une histoire, un passé, pour fuir la réalité à mon retour d'Afrique, dans ce pays, dans cette ville où je ne connaissais personne, où j'étais devenu un étranger. Puis j'ai découvert, lorsque mon père, à l'âge de la retraite, est revenu vivre avec nous en France, que c'était lui l'Africain. Cela a été difficile à admettre. Il m'a fallu retourner en arrière, recommencer, essayer de comprendre. En souvenir de cela, j'ai écrit ce petit livre."
“Il faudrait des mots nouveaux, y compris pour raconter Auschwitz, une langue nouvelle, une langue qui blesse moins que la mienne, maternelle.”
En moins de deux cents pages vibrantes de vie, de lucidité implacable et d’amour, Edith Bruck revient sur son destin : de son enfance hongroise à son crépuscule. Tout commence dans un petit village où la communauté juive à laquelle sa famille nombreuse appartient est persécutée avant d’être fauchée par la déportation nazie. L’auteur raconte sa miraculeuse survie dans plusieurs camps de concentration et son difficile retour à la vie en Hongrie, en Tchécoslovaquie, puis en Israël. Elle n’a que seize ans quand elle retrouve le monde des vivants. Elle commence une existence aventureuse, traversée d’espoirs, de désillusions, d’éclairs sentimentaux, de débuts artistiques dans des cabarets à travers l’Europe et l’Orient, et enfin, à vingt-trois ans, trouve refuge en Italie, se sentant chargée du devoir de mémoire, à l’image de son ami Primo Levi.
"Pitié, oui, envers n’importe qui, haine jamais, c’est pour ça que je suis saine et sauve, orpheline, libre."
" Les écrivains ont aimé Lagrasse. Là-bas, ils ont trouvé des amis, des conseillers, des guides, des hommes simples surtout. Personne n'était là pour convaincre l'autre. Mais le pari n'était pas gagné d'avance ", écrit Nicolas Diat dans sa préface.
Que s'est-il passé dans cette abbaye des Corbières, entre Carcassonne et Narbonne ? À l'ombre de bâtiments immenses dont la fondation remonte au VIIIe siècle, quarante-deux jeunes chanoines mènent une vie de prière placée sous l'égide de la Règle de saint Augustin. Pendant trois jours et trois nuits, quinze écrivains les ont rejoints pour partager leur quotidien. Office, étude, travail manuel, promenade, repas, ils ont eu le privilège d'être sans cesse avec eux.
Voici les beaux récits de ces expériences inoubliables, pleines de péripéties et de surprises...
" Les frères étaient bons avec moi. Ils venaient me parler. On s'asseyait dans les fauteuils et ils m'apprenaient des choses sur la pensée augustinienne que j'avais attendu quarante-neuf ans pour découvrir car - faisons des confessions - j'avais peu lu Augustin. En outre, longtemps je m'étais promené du côté de la Mongolie extérieure où l'on disait autrement ces choses-là (et par surcroît, dans une langue impossible). "
Sylvain Tesson
" Après avoir passé trois jours et trois nuits à Notre-Dame de Lagrasse où j'ai vécu, prié, mangé ou lavé la vaisselle avec les chanoines, je ne pouvais m'empêcher, au moment de partir, de faire le parallèle, aussi scabreux fût-il, entre eux et leur saint dont les écrits sont d'actualité comme jamais. Depuis son évêché d'Hippone, actuelle Annaba, au nord-est de l'Algérie, Augustin a vécu avec sérénité la chute de l'Empire romain en proie aux invasions barbares, symbolisée par le premier sac de Rome, oeuvre des Wisigoths en 410, avant ceux des Ostrogoths et des Vandales. "
Franz-Olivier Giesbert
" Je descends aux vêpres en pantalon et polo Lacoste blanc, par solidarité avec le look virginal des
brothers. À ma connaissance, le
dress code blanc est le seul et unique point commun entre Sainte-Marie de Lagrasse et le Nikki Beach de Saint-Tropez. Le chantre qui joue de l'orgue ressemble au Christ voilé de San Martino à Naples. Il a les yeux verts et interprète Bach comme Jimi Hendrix brûlait sa guitare électrique. "
Frédéric Beigbeder
Les auteurs de ce livre reversent leurs droits aux chanoines de Lagrasse pour la restauration de leur abbaye.
" Être le fils de Bernard Tapie, ça signifiait que je devais m'attendre à tout et à n'importe quoi... Je suis né le 5 août 1969, mais tous mes papiers officiels portent la date du 9 août. J'avais quelques heures et c'était déjà le bordel. Quand on voit la succession de coups durs et de péripéties judiciaires qui a jalonné la carrière de Bernard Tapie et bouleversé notre famille, il est facile de comprendre pourquoi je rêvais que mon père cesse de faire tout et n'importe quoi, qu'il se calme et se retire du jeu. Vu de la Lune, ça devait être envisageable, mais en réalité, ce n'était pas la peine d'y penser : mon père était de la race des conquérants de l'impossible, des sommets inviolables. J'étais fasciné par sa quête de l'inaccessible étoile. Mais pour un fils, il y a un moment où trop, c'est trop. "
Colette (1873-1944) a porté sur le monde un nouveau regard de femme, assez fort pour imposer un style à la fois classique et singulier, que Cocteau se plaisait à comparer à celui de La Fontaine. Ses romans, de la série des Claudine aux oeuvres autobiographiques en passant par le sulfureux Blé en herbe, ont séduit un public toujours plus nombreux, pour lequel elle est restée la veilleuse solitaire du Palais-Royal et de la Treille Muscate, la Madone aux chats et la librettiste de Maurice Ravel. Colette aura mené une bataille quotidienne, durant son existence, avec un élan qui fit d'elle " la femme la plus libre du monde ", selon Mac Orlan.En 1949, André Parinaud réalise une série de trente-cinq entretiens radiophoniques avec Colette. À cette époque, alors au zénith de sa célébrité, l'auteur de La Chatte n'écrit plus guère, préférant diriger l'édition de ses oeuvres complètes. De nouveaux personnages - Sido, Julie de Carneilhan - ont remplacé Claudine, Chéri, " la vagabonde " et " l'ingénue libertine ". Elle évoque tout cela, et ses rencontres littéraires, mais aussi l'amour " un sentiment qui n'est pas honorable " , son pays natal, la Bourgogne, et son amour de la nature, l'une des clés de son oeuvre.
"Dans ces douze cahiers, que Kafka qualifie parfois de Journal, observations de vie quotidienne, rêves, visions, fulgurations, réflexions et même dessins alternent avec de multiples débuts de récit, certains répétés comme s'il s'agissait de réchauffer un moteur narratif refroidi. Dans cette galaxie brille un seul récit achevé, Le Verdict, écrit d'une traite une nuit de 1912, devenu pour l'écrivain le modèle du bonheur de raconter.
Mille et une nuits d'écriture de notations et de récits qui mettent en scène les affres et les exaltations de celui qui dit de lui-même :
Finir prisonnier - ce serait un but dans la vie. Mais c'était une cage entourée d'une grille... comme s'il était chez lui le bruit du monde affluait et ressortait par la grille, en fait le prisonnier était libre, il pouvait avoir part à tout, rien au dehors ne lui échappait... il n'était même pas prisonnier.
Loin des sanctifications et des discordes, ces carnets nous font entrer avec Kafka au pays de l'écriture."
Dominique Tassel
C'est l'histoire d'un homme qui vient d'avoir 82 ans. Déjà ?
Jadis, il était toujours pressé, il régnait sur le monde de la culture et il se sentait invincible. Aujourd'hui, à la retraite, c'est plus calme : les défaillances du corps, les anxiétés de l'âme, la peur de perdre ses vieux amis qui forment une bande de joyeux octogénaires. Une autre vie commence. Avec le plaisir de pouvoir enfin prendre son temps et le perdre.
À travers ce narrateur qui lui ressemble comme deux gouttes de vieux bourgogne, Bernard Pivot raconte le grand âge à sa façon. Curiosité, lucidité, humour, c'est bien lui.
Et c'est bien sa manière de proposer une petite leçon de gouvernance individuelle où chacun trouvera quelques recettes pour vieillir heureux.
Pour se défendre dans un procès qu'il s'intente à lui-même, l'auteur fait défiler au galop un passé évanoui. Il va de l'âge d'or d'un classicisme qui règne sur l'Europe à l'effondrement de ce "monde d'hier" si cher à Stefan Zweig. De Colbert, Fouquet, Bossuet ou Racine à François Mitterrand, Raymond Aron, Paul Morand et Aragon.
Mais les charmes d'une vie et les tourbillons de l'histoire ne suffisent pas à l'accusé :
"Vous n'imaginiez tout de même pas que j'allais me contenter de vous débiter des souvenirs d'enfance et de jeunesse ? Je ne me mets pas très haut, mais je ne suis pas tombé assez bas pour vous livrer ce qu'on appelle des Mémoires."
Les aventures d'un écrivain qui a aimé le bonheur et le plaisir en dépit de tant de malheurs cèdent peu à peu la place à un regard plus grave sur le drame qui ne cesse jamais de se jouer entre le temps et l'éternité, et qui nous emportera.
Prix des députés 2016
Comment défendre le respect pour tous les corps quand on a intégré la haine du sien ? Comment valoriser son corps gros quand la prise de poids est vue comme étant le pire cauchemar des femmes autour de soi ? Comment défendre des idéaux féministes quand on ressent de la jalousie vis-à-vis d'autres femmes aux corps plus conformes aux codes de beauté ?
Les mécanismes d'oppression qui touchent tout ce qui ne rentre pas dans la « norme », nos rapports intimes aux corps et aux autres femmes, le body positive et l'afroféminisme, autant de sujets qui sont abordés dans cet ouvrage intime, militant et poétique, pour lutter contre le mythe de la perfection. Perfection que l'autrice, femme noire et grosse, s'efforce de détricoter afin de construire une société émancipée où chaque corps, aussi différent qu'il soit, aura sa place.
"Si tard dans la journée, personne ne va à Manhattan. Moi si. Je bois une grande cannette de Schlitz, et je fume dans le métro, même. J'ai environ 30 ans, je suis avec ma copine. Tout va bien. Je suis pleine de poèmes."Dans les années 1970, Eileen Myles a fui l'Amérique catholique et ouvrière pour croquer à pleines dents la vie new-yorkaise : la galère, la poésie, la défonce, l'art – et les filles. De souvenirs d'enfance doux-amers aux virées stupéfiantes au sulfureux Chelsea Hotel, en passant par le feu sacré d'une écriture novatrice, Myles raconte tout, avec une honnêteté et une prose explosives.
Iconoclaste, Eileen Myles compte parmi les poètes vivants les plus célébrés aux États-Unis. Paru en 1994, réédité triomphalement en 2015, Chelsea Girls est aujourd'hui acclamé comme un souffle de liberté littéraire, addictif et magistral. Texte fondateur pour nombre d'artistes contemporains, dont Maggie Nelson, cet inoubliable portrait de l'artiste en jeune queer est enfin traduit en France.
Avec Histoire d'une vie, Aharon Appelfeld nous livre quelques-unes des clés qui permettent d'accéder à son oeuvre : réminiscences de la petite enfance à Czernowitz, en Bucovine. Portraits de ses parents, des Juifs assimilés, et de ses grands-parents, un couple de paysans dont la spiritualité simple le marque à jamais. Il y a aussi ces scènes brèves, visions arrachées au cauchemar de l'extermination. Puis les années d'errance, l'arrivée en terre d'Israël, et le début de ce qui soutiendra désormais son travail : le silence, la contemplation, l'invention d'une langue approchant au plus près l'énigme d'une vie, les méandres de la mémoire, et le sens que l'art peut leur donner.
Traduit de l'hébreu et révisé pour la présente édition par Valérie Zenatti
Prix Médicis étranger 2004
28 janvier 2021. Soudain le moteur de l'avion rend l'âme... Impossible de le redémarrer. Antonio Sena, seul à bord, mobilise toutes ses connaissances pour tenir l'appareil au-dessus de l'immensité de la forêt amazonienne. Mais le crash est inévitable. Miracle : Antonio ressort vivant de la carlingue.
Commence alors pour lui une terrible épreuve dans la partie la plus sauvage de l'Amazonie. Sous une pluie ininterrompue, il s'alimente en observant ce que mangent les singes, construit des abris de fortune, repousse les prédateurs, s'émerveille aussi devant la beauté de la forêt, sans jamais baisser les bras, guidé par l'amour des siens et sa foi retrouvée.
L'espoir, dit-il, sera le dernier à mourir. Trente-six jours après la chute de son avion, épuisé et affamé, un deuxième miracle se produit. Des cueilleurs de noix sont là, au milieu des arbres...
Survivant de l'enfer vert, Antonio Sena a décidé de protéger cette forêt qui a failli l'engloutir.
" Le véritable héros de cette histoire, ce n'est pas moi, c'est cet être qui respire et qui souffre. Un être généreux avec ceux qui le respectent et hostile avec ceux qui le mutilent. "Le récit d'un combat, d'une aventure intérieure exceptionnelle, et une formidable ode à la nature.
' Quand je suis à Paris, quoi qu'il arrive et par tous les temps, je fais mon petit tour au jardin. C'est un ravissement pour mon oreille lorsque la pluie qui tombe dru se divise en plusieurs pupitres et distribue les timbres, le tempo, les phrasés. Alors le jardin sonne comme un orchestre de chambre, très XXe siècle. '
Le jardin du Luxembourg est pour Philippe Cassard, grand pianiste classique international et producteur d'émissions à France-Musique, le point de départ d'une rêverie à la Debussy qui retraverserait ' par petites touches ' toute sa vie. Curiosité, gourmandise, exigence, drôlerie. Des figures majeures et des lieux apparaissent, Sviatoslav Richter, Vladimir Horowitz, Christa Ludwig, Natalie Dessay. Besançon, sa ville natale où il donna un récital en soliste à l'âge de huit ans, Chaux-les-Passavant, le village de son père, mais aussi Vienne, Dublin, Paris.
Et comme devant un clavier, cet autoportrait convoque les règles fondamentales du piano, le doigté, l'assise, l'aisance du corps, l'adhérence des doigts au clavier, la souplesse des poignets, le travail permanent des gammes, des arpèges, des traits d'octave, un enseignement qu'il aimera plus tard transmettre à son tour dans ses émissions. Un délicieux voyage qui part du jardin, s'envole dans les plis de la mémoire, et y revient.