Éditorial :
Maud Simonnot, ' Parce que nous ne pensons pas que les revues appartiennent, comme on l'entend parfois, à une époque révolue... '
La Nature :
Erri De Luca, Nature
Richard Powers - Nathacha Appanah, Conversation
Anton Beraber, Flore de la Grande Ceinture Ouest
Katrina Kalda, Forêts et frontières
Christophe Bataille, Faon
Thomas Lévy-Lasne - Aurélien Bellanger, Peindre la nature
Fabienne Raphoz, La Nature, voilà mon pays
Hamedine Kane, Le paradis perdu des Peuls
Érik Orsenna, Le rendez-vous de l'Océan
Catherine Siméone - Catherine Larrère, L'éthique environnementale
Jacques Réda, Du vent dans les arbres
Proust 1922-2022 :
Yannick Haenel, Le sable magique
Maud Simonnot, 1922
Jean-Yves Tadié, Préface au Journal de Reynaldo Hahn
Violaine Huisman, La petite robe noire
Antoine Compagnon, Marcel Proust, la fabrique de l'oeuvre
Julien Syrac, La joie du réel retrouvé
Blanche Cerquiglini, Proust au défi des écrivains étrangers
Anne Simon, Zoopoétique de Proust
Dans la bibliothèque de J. M. G. Le Clézio :
Maud Simonnot - J. M. G. Le Clézio, Entretien et livres cités
Critiques libres :
Charles Daubas, ' Musicanimale ', Philharmonie de Paris (Gallimard)
Arthur Larrue, Journal de nage de Chantal Thomas (Seuil)
Claire Berest, Les confins d'Eliott de Gastines (Flammarion)
Philippe Bordas, Tout Rabelais, sous la direction de Romain Menini (Bouquins)
Camille Laurens, La cécité des rivières de Paule Constant (Gallimard)
Jakuta Alikavazovic, Le Trésorier-payeur de Yannick Haenel (Gallimard)
Laurence Cossé, La vie sans histoire de James Castle de Luc Vezin (Arléa)
Les relations dans la vie quotidienne sont troublées par des conflits qui, si la violence physique est écartée, conduisent à formuler des critiques auxquelles répondent des justifications.
En tirant parti à la fois de la philosophie politique et de l'étude sociologique de disputes, notamment au sein d'organisations, les auteurs montrent que ces critiques et ces justifications ne sont pas seulement circonstancielles mais qu'elles expriment un sens commun de la justice. Ils mettent au jour les règles que doivent suivre ces critiques et ces justifications pour être jugées recevables. Elles composent une grammaire inscrite à la fois dans le langage et dans des dispositifs matériels qui l'ancrent dans la réalité.
Cette grammaire du désaccord et de l'accord est pluraliste : elle permet aux personnes de prendre appui sur différents ordres d'évaluation en fonction de la situation dans laquelle elles se trouvent plongées. Elle contribue en outre à réduire la tension entre, d'une part, ces ordres de grandeur et, de l'autre, un principe d'égalité aspirant à une humanité commune. Loin d'être un relativisme, ce pluralisme offre des ressources dont les personnes peuvent se saisir pour résister à la menace constante de domination.
Pour ne pas perdre le nord (minuscule en général, majuscule quand il s'agit de la région d'un pays) ; pour ne pas donner du mister (Mr) à monsieur (M.) ni de trait d'union à saint Jacques, sauf quand c'est le nom d'une église ( Saint-Jacques-de-Compostelle); pour distinguer le Premier ministre du président de la République, même si l'un rêve toujours d'être l'autre; pour laisser leur minuscule au roi et à l'empereur sauf en cas de mégalomanie (Napoléon); pour ne pas écrire 1ère mais 1re; pour conserver l'accent sur les capitales, donc la lisibilité d'un texte en dépit de toutes les paresses et de toutes les pressions numériques... bref,pour ne pas se perdre, un seul fil d'Ariane, le Lexique des règles typographiques. C'est la bible de tous les académiciens quand ils rédigent le Dictionnaire, la règle du jeu de la langue française. Le jeu en vaut la chandelle.
"À trente-quatre ans, j'ai éprouvé de nouveau l'empoignade d'une lecture d'enfance. Elle a duré deux nuits. Je relisais, bouleversé, Ceux de 14. [...] M'apprêtant à écrire sur les paysages du Barrois et de la Woëvre, j'avais pensé recevoir d'une nouvelle lecture de Genevoix la bénéfique influence. Sa réputation de paysagiste était solide et l'on disait qu'il n'était pas seulement le meilleur peintre de la Loire, mais aussi de la nature meusienne. Je pense maintenant que la cause était plus profonde."
" Comment dire mieux ce travail de Sisyphe : remettre à l'honneur ces grandes écrivaines, nos aînées, celles à qui nous devons la force et le courage d'écrire ce que nous voyons, ce que nous sentons, ce que nous savons, et qui, décennie après décennie, sont renvoyées à leurs ténèbres, oubliées, effacées encore et encore. Celles à qui nous devons la force et le courage de décrire ce recoin de perplexité où rien n'est majestueux ni symbolique, mais où tout est important, les soupirs, les rhumes, les agonies, les bains de mer. "
Dans la nouvelle édition, révisée et augmentée, de La Marche du cavalier, Geneviève Brisac explore les œuvres de Christiane Rochefort, Doris Lessing, Natalia Ginzburg, Vivian Gornick... Un regard singulier sur les femmes et l'écriture, une invitation à lire autrement.
Le projet d'un livre sur Rembrandt accompagna longtemps Jean Genet. Il découvre l'oeuvre du peintre au début des années 1950 lors de séjours à Londres, puis à Amsterdam, Berlin et Vienne, et lui consacre un premier texte, publié dans L'Express en 1958. Au début des années 1960, Genet y travaille encore, mais en avril 1964, apprenant la mort de son ami Abdallah, il détruit le contenu d'une valise pleine de ses écrits. Ne subsistent des pages consacrées à Rembrandt que deux manuscrits, miraculeusement sauvés, qui
formeront "Ce qui est resté d'un Rembrandt déchiré en petits carrés bien réguliers, et foutu aux chiottes", publié en revue en 1967. Bien que Genet les ait insérés dans ses OEuvres complètes, ces textes resteront confidentiels et il n'en verra pas d'édition illustrée de son vivant.
En 1995, les Éditions Gallimard réalisent enfin le projet inabouti sous la forme d'un livre d'art qui révèle toute la puissance de la réflexion de Genet sur Rembrandt. C'est cet ouvrage, épuisé depuis longtemps, que revisite aujourd'hui la collection "L'Arbalète". Illustré de l'ensemble des tableaux cités par Genet et complété d'une notice historique inédite, il viendra désormais voisiner avec L'atelier d'Alberto Giacometti, le plus célèbre de ses écrits sur l'art.
«Voici que les hommes s'échangent maintenant les mots comme des idoles invisibles, ne s'en forgeant plus qu'une monnaie : nous finirons un jour muets à force de communiquer ; nous deviendrons enfin égaux aux animaux, car les animaux n'ont jamais parlé mais toujours communiqué très-très bien. Il n'y a que le mystère de parler qui nous séparait d'eux. À la fin, nous deviendrons des animaux : dressés par les images, hébétés par l'échange de tout, redevenus des mangeurs du monde et une matière pour la mort. La fin de l'histoire est sans parole.»
Que nous reste-t-il de la communauté? De ce qui a été pensé, voulu, désiré sous le mot de communauté? Il semble qu'il ne nous en reste rien. Ses mythes sont suspendus, ses philosophies sont épuisées, ses politiques sont jugées. On pourrait dire aussi: la communauté, c'était le mythe, c'était la philosophie, c'était la politique - et tout cela, qui est une seule et même chose, est fini. Ce livre essaie de dire ceci: il y a, malgré tout, une résistance et une insistance de la communauté. Il y a, contre le mythe, une exigence philosophique et politique de l'être en commun. Non seulement elle n'est pas dépassée, mais elle vient au devant de nous, elle nous reste à découvrir. Ce n'est pas l'exigence d'une oeuvre communautaire (d'une communion ou d'une communication). C'est ce qui échappe aux oeuvres, nous laissant exposés les uns aux autres. C'est un communisme inscrit dans son propre désoeuvrement.
Le temps proustien croise celui de l'histoire : les mutations sociales, l'Affaire Dreyfus, la Première Guerre mondiale, l'antisémitisme, l'identité nationale. Juif et catholique, ni l'un ni l'autre, Proust écrit en moraliste une des fresques les plus complexes de cet univers qui sort de La Bruyère, Sévigné et Saint-Simon pour basculer déjà dans la société de l'éphémère. Mais c'est un moraliste insolite, qui éclaire d'une impitoyable ironie nos vices les plus dérobés, nos amours les plus infantiles.
Tissé de perceptions et de fantasmes, ce temps proustien - qui n'est ni celui de Bergson ni celui de Heidegger - devient sensible. À l'imaginaire avide du lecteur, le narrateur offre l'appât savoureux de ses personnages : Swann et Odette, Bloch, Oriane, Verdurin, Albertine, Charlus, dont cet essai aide à retrouver les caractères mêlés aux paysages, églises, dalles et aubépines.
Pourtant, dans les plis de longues phrases, dans le cumul des brouillons et des lettres, dans la cruauté et le ridicule des passions, l'insignifiance des amours et le néant des êtres brusquement s'imposent. Les personnages se contaminent et se brouillent, une profondeur secrète les attire. Telle la madeleine trempée dans le thé, ils perdent leur contour absorbé par le style. Ces héros, ces visions, fruits d'une imagination dont Proust disait qu'elle était son seul organe pour jouir de la beauté, finissent par nous laisser un goût, un seul, âcre et tonique : le goût de l'expérience littéraire. Du roman comme thérapie, comme transsubstantiation.
La place des philosophes du XVIIIe siècle dans la préparation de la Révolution française a fait l'objet de controverses passionnées. Mais les historiens ne s'étaient guère, jusqu'à Robert Darnton, penchés sur le rôle des écrivains de second ordre - qu'ils tirent à Paris le diable par la queue en fabriquant une littérature pornographique et politique ou qu'ils se soient exilés à Londres, voire ailleurs, pour éviter l'embastillement. Ces ratés de la littérature tiendront un rang important dans le personnel révolutionnaire.
Vu des ateliers, des boutiques des libraires ou des officines de la police, le paysage des Lumières change du tout au tout : s'esquisse alors, à la croisée d'une histoire de l'édition et d'une double sociologie des auteurs et des lecteurs, le monde des livres au XVIIIe siècle. Cette étude pose en termes novateurs la question de la lecture au siècle des Lumières et de la part qui revient à la fermentation intellectuelle dans le temps long des origines de la Révolution.
Proust est trop long. Tirant les conséquences logiques de cette constatation qui décourage de nombreux lecteurs potentiels, ce livre se propose de réduire la Recherche en supprimant les digressions.
Un tel projet implique, comme préalable, de réfléchir sur la figure de la digression, injustement méconnue par la rhétorique. Toute une série de questions se posent alors, portant sur l'essence même de la littérature. Quand, par exemple, peut-on dire d'un texte qu'il est trop long ? Existe-t-il des passages inutiles ? Comment glisse-t-on d'une idée à l'autre ? Et surtout, au point de rencontre entre la littérature et la psychanalyse - qui donnent à la notion de sujet une acception différente -, que signifie être hors sujet ?
Grammaire latine complète
Nouvelle présentation en couleur
Avec une quarantaine d'anecdotes et de souvenirs sur les lieux et les événements, ainsi que sur ses rencontres avec des personnages connus ou inconnus, l'auteur met en évidence l'exceptionnel foisonnement de découvertes et d'idées écloses dans le Quartier latin, durant la dernière moitié du XXe siècle. Pour preuve les 31 Prix Nobel français qui, depuis 1960, ont tous, à un moment ou à un autre, étudié ou cherché sur cette montagne. Le rappel de ces événements et de ces rencontres montre les mutations qu'ils ont engendrées qui trouvent, par les temps qui courent, des concordances inattendues.
"Le colporteur apportait autrefois, de village en village, des livres et des colifichets, de la mercerie, des calendriers, des images pieuses, des remèdes de bonne femme et des plans sur la comète. Il jouait le rôle de libraire ambulant, qui faisait circuler les nouvelles et prodiguait des conseils.
Je reprends à mon compte cette figure de vagabond qui sait lire, de Juif errant incrédule, qui a vu le monde et même voyagé dans le temps.
Dans ma besace de lecteur et de promeneur, je propose donc des livres que j'aime, des vers et de la prose, des images savantes et populaires, des commentaires mêlés de rêveries, et même des histoires brèves. Sans autre but que de partager mon plaisir, et quelquefois mes indignations."
Gérard Macé.
Ensemble - plus que recueil - de neuf textes, La Quatrième Personne du singulier fait partie de ces livres 'théoriques' (mais tout aussi lyriques que théoriques) grâce auxquels Valère Novarina fait régulièrement le point sur son travail. Ici, les thèmes recoupent et prolongent ceux des précédents ouvrages de même registre (Le Théâtre des paroles, Lumières du corps, L'Envers de l'esprit). Avec peut-être un peu plus d'emportement, qu'il s'agisse de parler de la langue, française mais aussi hongroise, et du patois aussi bien, du théâtre toujours, de l'acteur, du sacré.
Le jeu du rêve et de l'action explore un genre méconnu de l'histoire de la littérature française : le roman d'aventures littéraire de l'entre-deux-guerres. Un genre qui, faisant de pont surprenant entre symbolisme et existentialisme, a exploré la logique érotique de l'aventurier privé du divin et de l'amour.
Wassyla Tamzali, féministe algérienne, interpelle les intellectuels occidentaux qui se sont battus pour l'universalité des droits de la personne humaine, et se montrent aujourd'hui incapables de penser cette universalité au-delà de l'Europe. Eux qui ont défendu les principes démocratiques fondamentaux dans leurs pays, eux qui ont milité pour la décolonisation, auraient-ils oublié leurs combats ?
Ce livre met en lumière le renoncement de la pensée européenne devant la montée en puissance des groupes communautaires. En prenant pour indices la condition des femmes, la liberté de conscience ou la diversité culturelle, l'auteur passe au crible les idées de tolérance, de "laïcité ouverte", d'"Islam modéré", de "droit à la culture", et leurs conséquences politiques dans les pays arabes et musulmans.
Ce livre propose une structure inspirée de la forme poétique de la muwashshah pratiquée dans l'Andalousie arabe du Moyen Âge, et notamment de sa kharja, «sortie» du poème résolue par l'insertion de la voix d'un autre, d'une voix autre, pour aborder dans le même geste la question de la «fin du poème». Comment sortir d'un poème? Comment un poème peut-il parvenir à sa fin? Le thème du jardin déploie une réflexion sur les noms scientifiques des plantes. Les noms savants des plantes, leurs noms latins, ne sont qu'exceptionnellement prononcés, comme s'ils prenaient leurs distances avec les langues parlées pour demeurer dans une altérité irréductible. En convoquant les noms propres qui n'ont jamais été appelés, il s'agit de rendre leur place aux rangs de la nature, de les décrire sans réduire la part d'incompréhensible qu'ils recèlent afin d'en préserver la distance. «Je passe la parole à l'Autre» ; cette formule caractéristique de muwashshah serait un bon modèle pour réunir les questionnements proposés ici.
Ovide, Les Métamorphoses (fragments)J.-B. Pontalis, L'insaisissable entre-deuxLuc Brisson, Bisexualité et médiation en Grcce ancienneMarie-Christine Pouchelle, L'hybrideFrançoise Cachin, Monsieur Vénus et l'ange de SodomeJean Gillibert, L'acteur, médian sexuelClaude Aron, Les facteurs neuro-hormonaux de la sexualité chez les mammifcresLéon Kreisler, L'enfant et l'adolescent de sexe ambigu ou L'envers du mytheRobert Stoller, Faits et hypothcses : un examen du concept freudien de bisexualitéPierre Fédida, D'une essentielle dissymétrie dans la psychanalyseWilhelm Fliess, Masculin et fémininDidier Anzieu, La bisexualité dans l'auto-analyse de FreudGeorg Groddeck, Le double sexe de l'etre humainRoger Lewinter, (Anti)judadsme et bisexualitéHerman Nunberg, Tentatives de rejet de la circoncisionChristian David, Les belles différencesAndré Green, Le genre neutreJoyce McDougall, L'idéal hermaphrodite et ses avatarsFelix Boehm, Le complexe de féminité chez l'hommeD.W. Winnicott, Clivage des éléments masculins et féminins chez l'homme et chez la femmeMasud Khan, Orgasme du moi et amour bisexuelJean-Marc Alby, L'identité sexuelle : pour quoi faire?Hélcne Cixous, Partie
United Emmerdements Of New Order nous apprend qu'un navire battant pavillon savoyard s'est échoué, dans la nuit, sur la plage de Cully près de Lausanne (Canton de Vaud) avec quelque 800 clandestins tyroliens, hommes, femmes et enfants entassés dans ses cales depuis plusieurs jours dans des conditions inhumaines. Pire, United Emmerdements Of New Order analyse les raisons qui ont poussé les autorités suisses à créer des camps de réfugiés pour les touristes d'origine française depuis la fermeture du tunnel du Mont-Blanc. United Emmerdements of New Order nous met dans de sales situations sur le plan international et humanitaire, celles que nous ne voulons pas voir ou que nous ignorons. United Emmerdements of New Order peut aussi se lire comme un recueil de lois mis à l'épreuve des faits. De l'esprit et des intérêts qui sont à l'origine de certaines lois, de certains codes, de certains réglements, United Emmerdements of New Order ne retient que quelques dispositions et les réécrit jusqu'à ce qu'elles nous disent ce qu'elles ne peuvent jamais nous avouer. United Emmerdements of New Order fait parler la loi. United Emmerdement of New Order dramatise le processus de construction des certitudes de la petite bourgeoisie planétaire, de la propagande et de la connerie. United Emmerdement of New Order travaille la petitesse et la mesquinerie des aspirations occidentales, la réduction de nos faits et gestes à une partition écrite soit par des intérêts qui ne sont pas les nôtres (les intérêts économiques) soit par une incapacité à penser au-delà et en dehors de notre espace familier (la réduction du monde à mon canton). United Emmerdements of New Order fait de l'entrisme. Mais United Emmerdements of New Order est ouvert aux amendements et aux contrevenants. United Emmerdements of New Order est le récit d'une dépossession. En résumé, United Emmerdements of New Order ne fait que dramatiser le lent processus de basculement de la petite bourgeoisie planétaire dans la barbarie. United Emmerdement of New Order nous promet une belle fin.
Dans la tempête et la brume des cent jours, les Mahorais s'accrochent à ce qui leur est le plus cher. Dans le brouillard des dix lunes, ils se délestent, sans regret, des futilités qui encombrent leurs esprits et regardent au fond d'eux-mêmes pour trouver le chemin perdu. Dans les moments les plus difficiles, ils se rappellent leur passé pour mieux construire demain. Soula Said-Souffou nous livre un plaidoyer émouvant sur Mayotte, cette terre de France qui oscille, sans cesse, entre modernité et traditions. Il navigue entre les racines de sa culture et la modernité étourdissante d'un avenir à dessiner chaque jour. La porte des audacieux est un passage obligé pour qui souhaite saisir pleinement toute la subtilité d'un combat pour l'identité, pour l'égalité et la dignité des Mahorais.
S'inscrivant dans la suite de La réfutation majeure (2004) mais sur le mode de l'essai, Environs et mesures propose de comparer géographie réelle et géographie imaginaire.
Les tentatives menées, d'un bout à l'autre de l'histoire, pour fixer sur une carte des lieux imaginaires font naître, sous la plume de Pierre Senges, un étonnant catalogue, écrit à la manière de Sir Thomas Browne ou de Robert Burton. Regroupant des catégories hétérogènes qui auraient ravi Borges («paradis», «enfer», «lieux de l'Odyssée», etc.), le texte s'attarde aussi sur quelques figures étonnantes : l'historien Victor Bérard qui passa vingt ans de sa vie, au tout début du siècle dernier, à chercher l'île de la nymphe Calpypso, ou la dizaine de chercheurs qui tentèrent de localiser, sur une carte de l'Espagne, la «bourgade dont je ne veux pas me rappeler le nom», évoquée par Cervantès au tout début de Don Quichotte.
Au-delà du plaisir encyclopédique à énumérer noms de lieux exotiques et figures de géographes sérieusement cocasses, ce bref essai tente d'expliquer les raisons qui ont poussé tant de savants à assigner en un endroit précis des territoires de pure fiction ; il montre comment l'imaginaire et le réel, le flou et la précision se prolongent l'un l'autre, nourrissant notre curiosité et notre émerveillement. Et ces explications ne sont pas là pour servir de leçon, mais au contraire pour inviter le lecteur à découvrir une autre forme de gai savoir, par le voyage ou par la lecture.
Le réalisme magique, genre littéraire d'Amérique latine, repris aujourd'hui par les auteurs postcoloniaux, est né de la rébellion contre l'oppression colonisatrice. Cet ouvrage étudie le rôle important des romancières fondatrices qui ont utilisé ce genre littéraire pour remettre en cause la domination masculine et s'attache ensuite à étudier particulièrement les oeuvres romancières de Maryse Condé, Sylvie Germain et Marie Ndiaye.
Tchekhov présente au lecteur, avec constance et détermination, des portraits de femmes qui ne se battent pas au-delà de ce que l'époque historique permet de faire. Force est de constater qu'il existe également dans son oeuvre une représentation de femmes malheureuses d'être dans l'ombre, de subir le chaos de leur vie et de voir la destruction de leurs rêves, et prêtes à souffrir davantage encore pour quitter ce monde et chercher la lumière. La femme qui choisit cette voie se trouve alors devant l'ampleur de sa liberté et, dans son désir brûlant d'authenticité, elle suit un parcours "révolutionnaire".