Par un étrange paradoxe, ceux qui s’imaginent que la France ferait face à un « tsunami » migratoire, par la faute des politiques, de l’Union européenne ou des juges, sont également convaincus que la migration est une anomalie dont la France pourrait se passer. On grossit l’immigration pour mieux la dénier. Pour dissiper ces illusions, il faut en revenir aux faits. Oui, la population immigrée a progressé en France depuis l’an 2000, mais moins que dans le reste de l’Europe. Non, notre pays n’a pas pris sa part dans l’accueil des réfugiés. La hausse vient d’abord de la migration estudiantine et économique, tandis que la migration familiale a reculé. En exposant les enjeux de la loi Darmanin de 2023, en rappelant combien la frontière est mince entre séjour régulier et séjour irrégulier, ce livre propose une approche résolument nouvelle de la question migratoire.
Professeur au Collège de France sur la chaire « Migrations et sociétés », François Héran anime l’Institut Convergences Migrations. Il a notamment publié Avec l’immigration (La Découverte, 2017), Lettre aux professeurs sur la liberté d’expression (La Découverte, 2021) et codirigé la 4e édition de Controlling immigration. A comparative perspective (Stanford, 2022).
Une histoire sur deux millions d'années, du paléolithique jusqu'à nos jours, des grands courants migratoires humains qui ont contribué au brassage des peuples sur notre planète. Pistant les traces laissées par l'homme sur les routes hypothétiques des invasions présumées, Jean-Paul Demoule mène l'enquête, tordant le cou au passage à nombre d'idées reçues. Un essai décapant en un temps où il apparaît plus que jamais nécessaire d'affirmer haut et fort que, depuis l'aube de l'humanité, nous avons toujours été des migrants.
La crise migratoire est-elle réellement une crise ?" Crise migratoire ", " invasion ", " grand remplacement ", " ruée " : autant d'expressions employées pour décrire l'immigration vers la France, l'Europe ou les " pays du Nord ". Ni anodins ni complètements nouveaux, ces termes font des étrangers une menace.
Mais sommes-nous réellement au coeur d'une crise migratoire exceptionnelle ? Ou s'agit-il là d'un discours politique et non étayé, alimenté par la peur de l'Autre ? Un discours qui se répète depuis plus d'un siècle et dont seules changent les cibles, et qui se durcit à la faveur de chaque nouvelle crise économique.
Il est temps de lever le voile sur le processus de fabrication de ce discours sur l'immigration, plus que jamais instrumentalisé au profit de différents acteurs - politiques, entreprises et institutions -, et d'interroger le modèle de société que nous souhaitons bâtir.
L'humain ne s'est jamais autant déplacé. La guerre, la pauvreté et les catastrophes naturelles poussent chaque année des millions de personnes sur les routes. Et dans le monde animal, l'exode a déjà commencé en réponse au réchauffement planétaire. Pour la journaliste scientifique Sonia Shah, il est temps de reconnaître le rôle central des migrations dans l'histoire de la vie sur Terre, car le mouvement a toujours été le meilleur moyen d'assurer la survie collective des espèces.
Or, la migration a mauvaise presse: les États se dotent de politiques antimigrants et érigent des murs barbelés au nom de la sécurité nationale. En biologie, les espèces animales ou végétales exogènes sont considérées comme «envahissantes». Pour déconstruire ces perceptions tenaces, Sonia Shah a suivi les migrants dans leurs périples, de l'île de Lesbos à la frontière entre le Mexique et les États-Unis, et plongé dans une fascinante recherche documentaire. Elle retrace les déplacements spectaculaires dans le règne animal - comme ceux du célèbre papillon monarque - et explique comment nos ancêtres ont peuplé les coins les plus isolés de la planète, des plateaux tibétains aux îles reculées du Pacifique.
Inscrit aussi bien dans les organismes humains que chez les espèces sauvages, l'instinct migratoire serait en fait un vecteur important de diversité biologique et une réponse adaptative aux changements environnementaux. Dans un contexte de montée du racisme et de la xénophobie, Sonia Shah renverse notre regard sur les migrations pour en dévoiler toute la richesse et la beauté. Un voyage captivant.
Les femmes ont toujours migré, de longue date et en nombre, mais leur mobilité a longtemps été occultée par celle d'un référent masculin considéré neutre et universel.
Selon une perspective étroitement économique, l'homme migrant, pourvoyeur de revenus, apparaît comme l'acteur principal de ces flux, tandis que la femme migrante, dépendante, campe dans des rôles sociaux secondaires de mère et d'épouse ou incarne la figure passive de victime.
Ces dernières décennies, la mise en visibilité du genre dans les théories des migrations et des femmes immigrées dans un champ féministe longtemps centré sur la femme occidentale a permis de déconstruire des catégories englobantes et des tendances faussement universelles, contribuant à complexifier l'approche des réalités migratoires et à cerner les effets réciproques des dynamiques de mobilité et de genre.
Dans les pays à hauts revenus d'Amérique du Nord, d'Europe, d'Asie et du Golfe persique, la «féminisation de la migration» fait généralement écho à la proportion croissante de migrantes internationales devenues pionnières de chaînes migratoires.
Plus fondamentalement, cette expression renvoie, dans un contexte d'austérité néolibérale, à une division sexuelle et racisée du travail et à des schémas inégalitaires qui - redéployés du Sud au Nord ou à l'intérieur des Suds - exposent une majorité de femmes migrantes à la violence, aux réseaux informels et à l'exploitation, dans les métiers du care, le travail domestique ou les services sexuels.
En France, tout le monde ou presque se croit antiraciste. Pourtant les discriminations se perpétuent, de génération en génération, et les discours mettant violemment en cause les minorités se propagent en toute impunité. La mécanique raciste démonte les rouages de ce racisme systémique et en décortique les pièges. L'" intégration ", le " vivre-ensemble " et autres mascottes de l'antiracisme d'État, plaide Pierre Tevanian, sont des leurres qui minent une nécessaire politique d'égalité.
Tout le monde ou presque se dit antiraciste. Pourtant, les discriminations se perpétuent dans des proportions massives, et en toute impunité.
La Mécanique raciste met à nu, chiffres à l'appui, cette remarquable contradiction. À rebours des discours complaisants faisant du racisme une simple pathologie individuelle ou un réflexe de " peur de l'autre " naturel et compréhensible, Pierre Tevanian souligne son caractère systémique et son enracinement dans notre culture. Soucieux de " connaître pour mieux combattre ", il prend le racisme au sérieux et analyse ses ressorts logiques, esthétiques et éthiques, comme il est d'usage de le faire pour tout système philosophique - à ceci près qu'il s'agit ici de déconstruire une manière perverse de raisonner, de percevoir l'autre et de se concevoir soi-même.
L'objectif de ce livre n'est pas tant de " retourner " des racistes convaincus que de questionner et armer l'antiracisme. À l'heure où se construit un consensus phobique autour du " voile islamique ", du " problème des Rroms " et de la " crise migratoire ", il constitue un outil précieux. Concis, précis, implacable, il démasque le " racisme vertueux " des bons " républicains " et démonte les faux-semblants de l'" antiracisme d'État " - la " tolérance ", l'" intégration ", le " vivre-ensemble " - pour nous ramener à l'essentiel : une question simple mais sans cesse évacuée, celle de l'égalité.
Figure majeure du féminisme et de l'anti-racisme, Rokhaya Diallo livre ici un concentré de ses combats en 55 tribunes. Perpétuellement attaquée, c'est en combattante qu'elle s'exprime avec détermination et pédagogie. L'ouvrage couvre 10 ans d'intervention sur des sujets qui dérangent et que Rokhaya a réussi à pousser sur le devant de la scène.
En France, les sujets liés à l'immigration se succèdent en rafale : crise des réfugiés, débats sur l'islam et la laïcité, mises en cause du droit du sol, de la double nationalité ou du regroupement familial, sans compter les milliers de fugitifs qui tentent, souvent au prix de leur vie, de rejoindre l'Europe. Dans ce livre salutaire, François Héran décortique les grands arguments de ce débat sur l'immigration et le remet en perspective, dans ses dimensions à la fois démographiques et politiques.
En France, les " problèmes de l'immigration " se succèdent en rafale, dans un débat récurrent attisé par les cycles de la vie politique et en particulier le rythme de la présidentielle : crise des réfugiés, islam et laïcité, droit du sol, double nationalité, regroupement familial, " jungle " de Calais...
François Héran replace les arguments de ce débat dans une perspective démographique et politique. Il revient notamment sur l'ère Sarkozy : neuf années de mainmise sur la politique migratoire de la France, mais pour quel bilan ? Abandon de la politique d'" immigration choisie ", persistance de l'immigration dite " subie " mais légale : en fin de compte, une personne sur quatre vivant en France est immigrée ou enfant d'immigré. Le volontarisme ultra rêve encore, cependant, de faire sauter le verrou des droits fondamentaux.
Soulignant le progrès des connaissances sur l'immigration, l'auteur réfute les erreurs grossières de certains politiques (Marine Le Pen en tête) et essayistes médiatiques (tel Éric Zemmour). Il revisite la question de la citoyenneté : " droit du sang " et " droit du sol " sont en fait deux versions d'un même droit, le droit du temps. Sans occulter les obstacles à l'intégration, il la montre aussi à l'oeuvre, comme dans ce gymnase de banlieue où chacun, sans distinction d'origines et de croyances, vient donner son sang, peu importe à qui.
Au final, une approche sereine et réaliste. Ni pour ni contre l'immigration : avec elle, tout simplement.
Depuis le milieu des années 2000, un mot s'est immiscé dans le débat : islamisation. Les musulmans, dont la population s'accroîtrait dangereusement, chercheraient à submerger numériquement et culturellement l'Europe. L'imaginaire du complot déborde ainsi peu à peu le cadre de l'islamophobie ordinaire. Si cette perception paranoïaque était restée l'apanage d'une poignée d'extrémistes, elle ne ferait pas question, mais elle envahit aujourd'hui l'espace public, imprègne les discours de politiciens écoutés et les analyses d'auteurs réputés sérieux.
Cet essai salutaire s'attelle à déconstruire ce qui n'est autre qu'un mythe et interroge l'obsession collective qu'il recèle. Il montre ainsi que la " bombe démographique musulmane " qui serait prête à éclater sur le triple front de la natalité, de l'immigration et de la conversion relève du fantasme. Quant au regain de ferveur spirituelle et au renouveau identitaire des musulmans, ils n'ont pas la signification conquérante ni même politique que suggère l'épouvantail de l'" islamisme ". Cette réfutation en règle permet enfin de comprendre pourquoi l'Europe et la France en particulier ont tant besoin de l'" ennemi musulman ".
Raphaël Liogier est professeur à l'Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence, où il dirige l'Observatoire du religieux. Il a notamment publié Une laïcité " légitime " (Entrelacs, 2006) et Souci de soi, conscience du monde (Armand Colin, 2012).
Dans un monde toujours plus interconnecté et internationalisé, jamais les mobilités des personnes n'ont été aussi nombreuses, qu'elles soient choisies et préparées ou, au contraire, précipitées. Quel que soit le contexte dans lequel le voyage migratoire s'est effectué et les conditions d'arrivée dans le pays « d'accueil », toutes les personnes portent en elles une histoire et une culture qu'il est important de comprendre et de valoriser.
Ce livre invite le lecteur à penser la diversité culturelle comme un espace dynamique et créatif. Il montre comment les différences culturelles sont des ressources précieuses sur lesquelles les thérapeutes peuvent s'appuyer pour comprendre les patients et les aider à composer une identité transculturelle. Maria Borcsa et Ivy Daure abordent ainsi des sujets nouveaux et inattendus pour explorer la clinique de la mobilité et de la migration et permettre à l'approche systémique actuelle d'être en phase avec la réalité de notre monde globalisé.
Les nombreux cas cliniques présentés : thérapie de couple, thérapie familiale, relations parents-enfants, parents en exil, couples mixtes, travail intergénérationnel de mémoire, rôle des technologies de l'information... permettront à l'ensemble des professionnels concernés par les questions d'interculturalité de nourrir et d'enrichir leurs pratiques professionnelles.
Quatre-vingt-treize : la Seine Saint-Denis est la figure des transformations révolutionnaires que connaît la France contemporaine. Un département dans lequel l'importance de la présence musulmane s'inscrit au coeur des bouleversements de la démographie et de l'immigration, de la marche forcée de la désindustrialisation à la haute technologie, de la persistance du chômage, d'une intégration sociale difficile à mettre en oeuvre - mais aussi de la percée des nouvelles générations dans le champ politique, culturel ou économique. Ces contrastes très accusés sont l'une des caractéristiques les plus saillantes et les moins connues de l'islam de France. C'est cela que nous donne à voir Quatre-vingt-treize, en partageant avec le lecteur l'expérience du terrain au quotidien, depuis les mosquées et les HLM jusqu'aux lambris des palais de la République, et la perspective historique de trois décennies écoulées, à travers l'islam des 'darons', des Frères et des jeunes. Entre la tentation salafiste et la participation aux élections, le halal et l'internet, l'islam de France déploie une multiplicité de facettes qui s'inscrivent dans une citoyenneté encore inaccomplie, comme l'illustrent ces deux extrêmes opposés que sont la composition de l'équipe de France de football et celle de l'Assemblée nationale.
Quatre-vingt-treize apporte des connaissances inédites et de première main au débat de fond qui traverse notre société sur la participation de l'islam à la construction de son identité plurielle dans un univers globalisé.
Combien d'étrangers et d'immigrés en France aujourd'hui ? Qui sont-ils ? Clandestins, réfugiés, exilés... quels sont leurs différents statuts ? D'où viennent-ils ? Que coûtent-ils ? Qu'en est-il du « grand remplacement » ? Du droit du sol ? Du droit du sang ? De la menace de l'islam ? etc. Un travail argumenté, étayé par les faits et chiffres les plus actuels pour situer la place des immigrés en France, en Europe et dans le monde. Replacer les travailleurs immigrés dans le processus de production capitaliste. Disqualifier ainsi les discours de l'extrême droite et contribuer à l'unité des immigrés et des natifs.
L'islam est devenu une religion française. Parce que c'est la première religion pratiquée de France. Parce que les musulmans de France sont français pour les trois quarts d'entre eux. Parce que la France peut être une terre fertile pour le renouveau théologique et intellectuel dont l'islam a tant besoin. La religion musulmane enfin est un problème français parce que c'est au nom d'Allah que le terrorisme frappe la France ou que certains tentent d'imposer une vision du monde alternative au projet républicain.
Le livre d'Hakim El Karoui explore les pratiques, les croyances et les comportements des musulmans de France, grâce à l'exploitation minutieuse de la grande enquête réalisée en 2016 par l'Institut Montaigne. Il décortique la stratégie de diffusion de l'islamisme et les ressorts de son succès. Il analyse enfin les mécanismes qui conduisent petit à petit intellectuels et commentateurs à tomber dans les pièges des islamistes : réduire l'islam à l'islamisme pour encore et toujours imposer une seule et unique vision de l'islam.
Il y a pourtant une voie, explorée dans ce livre, qui doit permettre à l'islam de trouver sa place sereinement dans la République grâce à une nouvelle génération qui émerge peu à peu, fruit de l'assimilation à la française, ici réhabilitée. C'est cette nouvelle génération qui doit mener la contre-insurrection culturelle dont l'islam a besoin, en France bien sûr, mais aussi dans le monde musulman.
Peut-on réfléchir, avec calme et probité, aux questions que pose l'immigration ?
Un pays comme la France peut-il garder le contrôle des flux migratoires sans renoncer pour autant aux principes d'hospitalité et d'ouverture qui font partie de son identité ?
Sur une question cruciale, trop souvent obscurcie par le mensonge et la démagogie, voici un dialogue de bonne foi. Sami Naïr, qui, depuis plus de vingt-cinq ans a consacré son temps à lutter pour les droits et les devoirs des immigrés en France, et qui a élaboré une stratégie de " codéveloppement lié aux lux migratoires " en tant que Délégué interministériel au codéveloppement et aux migrations internationales (en 1998), propose, dans cette passionnante discussion, un regard nouveau et réaliste sur l'immigration. Sans dérobade ni langue de bois, il répond aux questions, même dérangeantes, de sa propre fille.
Cet ouvrage tente de mieux saisir ce que signifie l'identité de la France, en reprenant les critères qu'Ernest Renan avait passés en revue : race, moeurs, religion, langue. Mais il explique surtout que c'est un dernier critère, celui de la culture, qui ouvre l'identité sur le monde.
" Je suis à un tournant. Comme souvent. J'ai cinquante-six ans et j'attends la sortie d'un film dans lequel je me suis investi comme jamais. J'y joue le rôle de ma vie, le rôle que j'ai tenu toute ma vie, le rôle du "grand frère', le rôle de l'aîné qui défriche le chemin, l'aîné qui veille et surveille. Je suis Arezki, parisien d'origine algérienne, et parisien dans le sang. Je suis propriétaire d'un bar à Pigalle, j'ai la gueule de l'emploi, une tête de Parigot bien cassée, un mec des banlieues métissées qui vient gonfler le coeur de la ville. Je suis un vrai Parisien, une figure des quartiers populaires. Je suis l'un des Derniers Parisiens. "
Révélé par Un prophète de Jacques Audiard et Rengaine de Rachid Djaïdani, Slimane Dazi est le fils aîné d'une famille de neuf enfants originaire d'Algérie. Il a beau être présenté comme un acteur français, né à Nanterre en 1960, il doit encore quémander la nationalité française pour obtenir une liberté de mouvements que lui refuse son passeport algérien.
Indigène de la nation est le récit d'une vie entre deux rives, l'empreinte d'une identité " désintégrée ", celle de la première génération des enfants d'immigrés, nés en France avant la fin de la guerre d'Algérie. Môme des premières cités, Slimane Dazi raconte une existence menée tambour battant, dans la France des banlieues à l'abandon, des petits boulots et des grandes galères, des camelots et des noceurs. Et son éveil au cinéma à quarante ans, quand celui-ci, dit-il, commence enfin à mettre en lumière des gueules comme la sienne. Des " gueules de métèques ".
Entrepreneur, formateur, figure de Canal+, fils d'immigrés camerounais et 100 % Français, Albert Batihe dénonce, avec une plume trempée dans le vitriol, l'humour et la douceur, les fausses idées de tous bords sur la condition noire en France. Un festival de révélations étonnantes et de formules décapantes au service d'un idéal : l'assimilation réussie. Libérateur. " Pourquoi nègre de blancs ? Je suis considéré dans mon milieu comme l'un des meilleurs communicants de ma génération. Mes idées, je les ai vendues à beaucoup de blancs. C'est tout le temps parti du même exercice : une feuille de papier et un stylo. Eh bien mes amis, c'est bien ça que vous appelez un nègre, non ? "
Dire leurs quatre vérités aux noirs comme aux blancs. Prendre de front les préjugés respectifs des uns et des autres. Raconter avec un humour ravageur, une plume polémique et une extrême douceur, son combat contre le mot d'ordre de son enfance : " Reste à ta place "... Albert Batihe n'aura cessé de faire bouger les lignes et d'abattre les murs. Le voilà qui bouscule ici toutes les idées reçues. Blanc sur noir. Noir sur blanc.
Voici son histoire. Voici sa méthode. Voici son manifeste.
Un livre libérateur pour tous les enfants de France.
L'inquiétude produite par les attentats récents et par le départ de centaines de jeunes vers la Syrie a suscité un déferlement d'analyses, dont le caractère foisonnant masque l'absence quasi complète de données à grande échelle sur ceux qui épousent la cause djihadiste.
C'est cette lacune que vient combler cette enquête, la plus fouillée à ce jour sur le sujet. Fondée sur l'étude systématique de 133 dossiers judiciaires de mineurs poursuivis pour des affaires de terrorisme ou signalés pour " radicalisation ", elle permet d'appréhender la manière dont les situations familiales, les relations avec les institutions, les cursus scolaires ou la socialisation entre pairs façonnent les appropriations de l'idéologie djihadiste.
L'enquête révèle ainsi des types de radicalité différents, de la rébellion contre les familles ou les institutions à un engagement pour faire advenir une nouvelle utopie politique et religieuse. À rebours des clichés sur les " délinquants terroristes ", cet engagement peut aussi concerner des jeunes issus de familles stables, doués à l'école et sans passé judiciaire. De façon troublante, c'est aussi le rôle que les réponses institutionnelles peuvent parfois jouer dans les passages à l'acte que ce travail capital met au jour.
Laurent Bonelli est maître de conférences en science politique de l'université de Paris-Nanterre.
Fabien Carrié est docteur en science politique de l'université de Paris-Nanterre.
Tous deux sont membres de l'Institut des sciences sociales du politique (UMR 7220).
La France n'en a pas fini avec son passé colonial. Il a imprégné les imaginaires et a constitué un socle idéologique sur lequel le Front national s'est construit. C'est ce Transfert d'une mémoire, de l'Algérie coloniale vers la métropole, qu'avait décrit Benjamin Stora en 1999. Cet ouvrage analysait déjà les raisons historiques pour lesquelles les questions difficiles de l'immigration ou de l'Islam en France seraient au coeur du débat public.C'était également le sujet du roman d'Alexis Jenni, L'Art français de la guerre. Un dialogue inédit entre l'historien et l'écrivain permet ici d'éclairer la nature de cet imaginaire colonial et son actualité, dans une France secouée par les grands défis qui surgissent après le « Choc de janvier 2015 ».Face aux crispations identitaires, cet échange passionnant invite à mener une bataille culturelle décisive pour sortir de la violence des mémoires et à affronter enfin, par une prise en compte sereine de l'Histoire, les enjeux du présent.
Au coeur de nombre de déclarations et de débats, la question des migrations s'inscrit en tant que telle au rang des enjeux sociétaux majeurs. Au point de faire oublier que les grandes vagues migratoires telles que celle observée aujourd'hui ne sont pas le propre de notre époque. Dans cet ouvrage collectif coédité par l'INRAP, l'évolution des mouvements de population et de leurs logiques se lit au fil des sources archéologiques, historiques, géographiques et démographiques les plus récentes.
Au coeur de nombreux débats contemporains, la question des migrations est devenue un enjeu majeur, au point de faire oublier que les grandes vagues migratoires ne sont pas le propre de notre époque.
L'archéologie apporte des informations essentielles sur ces mouvements de population à grande échelle qui se sont succédé de la Préhistoire - avec les premiers Hominidés quittant l'Afrique - au XXIe siècle. Volontaires ou contraintes, ces migrations ont induit diaspora, colonisation, métissage, intégration et ségrégation.
Confrontant les données archéologiques, historiques, génétiques, géographiques, démographiques et linguistiques,
Archéologie des migrations propose un réexamen critique des sources disponibles. Cet ouvrage a pour ambition de mettre en perspective de nouvelles hypothèses scientifiques et d'aller au-delà de la simple observation des mouvements de population, en abordant notamment les contacts entre les migrants et les sociétés qu'ils rencontrent.
Après le succès du beau livre événement de la rentrée 2011 et des trois documentaires associés, en voici la version " texte ", brochée et sans illustrations, amenée à devenir la référence au carrefour de la culture, de l'histoire et des mémoires croisées de trois siècles de présences des communautés noires en France.
Le long cheminement de l'histoire des populations afro-antillaises en France a longtemps été absent des représentations de l'histoire de France, dont il est pourtant partie intégrante. C'est dire l'importance de ce livre, retraçant pour la première fois la formidable aventure qui a vu évoluer le regard de la France sur les Afro-Antillais à travers les siècles. Reprenant l'ensemble des textes qui accompagnaient la première édition largement illustrée du beau livre publié sous le même titre en 2011, cet ouvrage événement constitue une référence majeure sur plus de trois siècles de présence des Noirs en France, issus d'Afrique subsaharienne, des Antilles, des Comores, de Madagascar, de la Réunion, de Nouvelle-Calédonie ou de Guyane. L'histoire de la France noire commence au XVIIe siècle, quelques décennies avant le terrible Code noir (1685), et traverse plus de trois siècles d'histoire de France : trois siècles de présences caribéennes, africaines, issues des États-Unis ou de l'océan Indien, dans l'Hexagone, trois siècles d'une histoire culturelle, politique et économique intense et méconnue. Rédigé par les meilleurs spécialistes français et internationaux, pour un regard transversal sur une histoire aux mille et un visages, ce livre montre comment ces présences ont contribué à bâtir ce pays et la République. C'est au creuset de ce récit que l'on peut comprendre les enjeux du présent.
Pourquoi notre pays a-t-il plongé dans ce maelstrm régressif, animé par une pensée néo-réactionnaire et décliniste, suscitant la peur devant l'Étranger, l'immigré ou le réfugié, déversant ses imprécations contre l'Europe et la " mondialisation " ? Comment éclairer la montée en puissance inexorable du FN, le nationalisme, la passion de l'entre-soi et de la communauté ethnique ? Après La Fracture coloniale (2005) et Ruptures postcoloniales (2010), un nouveau point d'étape informé et offensif. En 2005, les auteurs de cet ouvrage publiaient
La Fracture coloniale, juste avant la révolte dans les banlieues. Dix ans plus tard, l'espoir d'une évolution positive s'est effondré. D'où la nécessité de faire le bilan des crises identitaires et sociales qui traversent la France, pour sortir des impasses du présent. Pourquoi ce pays a-t-il plongé dans un maelstrm régressif, animé par une pensée néoréactionnaire se délectant du déclinisme, suscitant la peur devant l'étranger, l'immigré ou le réfugié, déversant ses imprécations contre l'Europe et la " mondialisation " ? Comment expliquer l'inexorable progression du Front national qui ravive sentiments nationalistes et passion de l'entre-soi ?
Aucune leçon n'a été véritablement tirée des événements de 2005. De la faillite de notre modèle d'intégration aux atermoiements de la politique de la Ville, de l'ethnicisation des territoires aux désastres de la lutte contre les discriminations, de l'enkystement du chômage dans les quartiers et les outremers à la fragilisation des classes moyennes, des thèses délirantes sur le " grand remplacement " à la haine de l'islam, des crispations communautaires au ressac de l'antisémitisme, de notre impossibilité d'affronter le passé colonial aux expéditions aventureuses dans nos anciennes colonies, cet ouvrage, réunissant les meilleurs spécialistes sur ces questions, entend dresser le bilan des crises et crispations qui obscurcissent l'horizon. Autant d'analyses qui questionnent le repli identitaire pour lutter contre les obscurantismes de tout bord.
«Tout en toi pue la France. Plus d'une fois, mon visage a essuyé la violence de ce crachat. On m'a traitée en paria sous les injures et les coups. Si j'ai décidé de devenir française, c'est par amour pour la France, ses valeurs, ses traditions, sa culture, son passé, et c'est précisément ce qu'on me reproche. En faisant ce choix, je suis devenue Claire, le prénom de la honte.»
Fille d'immigrés turcs, Çigdem Koç, devenue Claire Koç en 2008, va vivre un enfer. Famille, amis, collègues, tous l'accusent d'avoir trahi ses origines. À travers ce témoignage sidérant et unique, l'auteur dénonce l'échec de l'assimilation à la française.
Une plongée au coeur du rejet du modèle républicain.
Ce livre raconte la fuite tragique, l'accueil et l'installation en France de ceux que l'on a nommés les Boat people, les « gens des bateaux ». Il interroge également les conditions d'un élan de solidarité mondial, et notamment en France, où 130 000 de ces réfugiés ont été accueillis entre 1975 et 1989.
À partir de 1975, au moment où le Cambodge, le Laos et le Vietnam sombrent dans la dictature, des millions de personnes fuient ces pays, le plus souvent par la mer, dans des conditions tragiques. En pleine guerre froide, ils soulèvent en Occident, et notamment en France, un élan de solidarité immense.
Le livre analyse comment ces milliers de personnes très diverses - paysans, employés ou issus des bourgeoisies et des élites des régimes renversés, vont trouver refuge en France. En 1975, 67 Centres provisoires d'hébergement (CPH) étaient répartis sur 39 départements.
Ces nouveaux arrivants bénéficient d'un a priori positif, lié à l'émotion provoquée par les images de leurs fragiles bateaux, ainsi que par le cliché répandu de l'Asiatique travailleur et discret. Pourtant, les parcours individuels et collectifs évoqués ici montrent que l'isolement et le déclassement n'ont pas été épargnés à ces réfugiés « modèles ».
Enfin, l'autrice analyse la place en France des enfants et bientôt petits-enfants de ces réfugiés pour lesquels l'école joue un rôle majeur et qui gardent des liens forts avec les cultures d'origine de leurs familles.